Approbation d’un contrat entre la Ville et le Musée des Beaux-Arts et Google dans le cadre du Google Art Project

ville-de-lyonConseil Municipal du 9 juillet – Intervention de Christophe Geourjon

Monsieur le Maire,

L’objectif est de numériser les expositions du Musée des Beaux-Arts afin de permettre une visite virtuelle. Nous sommes bien évidemment favorable à cet objectif mais je contexte votre méthode.

En effet le projet « Google Art » est en apparence altruiste: il s’agirait de faire bénéficier au plus grand nombre des œuvres les plus fameuses du monde, sans avoir à se déplacer ni à payer… Mais le diable se cache souvent dans les détails…

ll y a un objectif financier: Google agrége les données de ses visiteurs pour les monétiser. De plus, étape après étape, Google assoit son monopole sur le savoir : sites internet, blog, sites internet d’information et d’actualité, journaux, vidéos, livres anciens, œuvre d’art, sites touristiques, …

Dans le cadre des discussions sur le projet de loi Macron, des sénateurs, dont l’UDI Catherine Morin-Desailly, ont proposé un amendement pour encadrer les pratiques des moteurs de recherche. Google est suspecté de favoriser ses propres services, c’est une situation qu’il faut réguler. L’Europe peut faire bouger les choses et une stratégie numérique européenne semble se dessiner pour faire émerger des géants numériques européens.

Le bras armé des investissements de Google dans la culture, l’Institut culturel, est basé à Paris et a ouvert en 2013. La ministre de la culture de l’époque (A Filipetti) avait refusé de se rendre à l’inauguration du siège . Elle avait cité 4 points bloquants : La question de la protection des données personnelles, celle de la protection de la diversité culturelle, celle des droits d’auteurs et enfin la question fiscale. A titre d’information la France réclamerait 1 Md€ d’amede à Google pour évasion fiscale.

Sur un plan muséal l’enjeu est de développer une plus grande interactivité dans le musée. C’est la promesse fondamentale du numérique. Je regrette que la Ville de Lyon ne travaille pas avec des entreprises innovantes de notre territoire. Je pense par exemple à la start-up lyonnaise Arskan qui développe une technologie innovante permettant de visionner des œuvres en 3D sur son téléphone ou sa tablette. Il y a la une formidable opportunité d’illustrer la force du numérique dans notre agglomération en cohérence avec le label FrenchTech.

Depuis plusieurs années, je vous demande de mettre en œuvre une politique commune de l’ensemble des établissements culturels de Lyon et au delà pour avoir notamment les moyens de développer des outils numériques performants incluant des outils de visites virtuelles.

Google a une puissance financière écrasante qui lui permet d’être un leader omniprésent. Mais le projet de Google ne serait-il pas d’arriver à terme à ce que l’on ne différencie plus Google et les données disponibles sur internet. Devenir la plaque tournante unique par lequel passe toute l’information serait financièrement extrêmement rentable mais cela permettrait aussi de disposer d’un levier de pouvoir démesuré!

Nous sommes la au cœur d’une question de société, les pouvoirs publics, les musés doivent agir pour renforcer la diversité de l’écosystème de la société numérique du savoir et non renforcer les positions de quasi monopole. Il y a la un enjeux de démocratie et de pluralisme.

En conséquence, à titre personnel, je voterai contre cette délibération

Je vous remercie

Restons en contact !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité