Intervention de Christophe Geourjon au nom du groupe « Centristes et Démocrates pour le Grand Lyon – UDI »
Monsieur le Président, mes chers collègues
Vous nous proposez ce soir de voter et discuter de l’avenir du quartier Mazagran, dans le 7e arrondissement. Enfin! Ou plutôt seulement!
Je voudrais rappeler ce qu’est le quartier Mazagran : c’est cet ilot dans le quartier de la Guillotière, gelé suite à l’abandon du prolongement de l’avenue Félix Faure jusqu’à la rue de l’Université.
Aujourd’hui, que constatons nous ? Un quartier qui se paupérise avec un habitat dégradé, à la limite de l’insalubrité. Un quartier présentant de nombreux espaces résiduels laissés à l’abandon, des zones de stationnement sauvage, des façades dégradées suite à des opérations de démolition bâclées et non achevées, une impossibilité de construire de nouveaux bâtiments, une absence de rénovation des bâtiments existants du fait de l’incertitude sur le devenir du quartier. En bref, c’est un quartier entier de Lyon qui se meurt, un quartier de l’hypercentre de Lyon qui bénéficie d’un emplacement stratégique à 5 minutes à pieds de la Place Bellecour et à proximité de 2 lignes de métro et 1 tram.
Lors de notre séance de mai 2010, vous nous expliquiez que le lancement des études techniques était nécessaire pour lancer une consultation de maîtrise d’oeuvre afin d’aboutir à un projet global pour ce quartier. A l’époque je vous avais rappelé que Gilles Buna, votre adjoint à l’urbanisme à Lyon, avait mandaté dès 2006 le cabinet d’architectes Civita pour cela. Les Conseils de Quartier et CIL de La Guillotière travaillent depuis des années sur ce dossier, ils vous ont interpellé à plusieurs reprises. Ils ont le sentiment que ce dossier n’est pas prioritaire et n’avance pas. La concertation ne doit pas servir de prétexte à l’inaction!
Pourtant, pendant longtemps, nous n’avons rien vu. Nous avons entendu quelques discours, mais jamais de vraie vision, depuis 13 ans. C’est sans doute cette absence de vision qui a été sanctionnée lorsque le quartier n’a pas été sélectionné dans le programme national des quartiers anciens… Or, il y a urgence, ce n’est plus le temps des rustines.
Je me souviens de votre volonté de mettre l’art et la culture au cœur d’un vaste projet. Vous nous aviez proposé en novembre 2010, en conseil municipal de Lyon, de subventionner à hauteur de 60 000 euros le projet de la Galerie Tator de containers recyclés pour accueillir des créateurs, des designers, sur le parking récemment réaménagé sur la rue Jangot. Nous avons eu raison de voter contre, puisque nous n’avons encore rien vu s’installer.
Aujourd’hui, nous sommes toujours sur le seul secteur Mazagran Deperet, alors qu’il faudrait élargir le périmètre de réflexion et d’action à tout l’ensemble Montesquieu-Sébastien Gryphe-Saint Michel-Chalopin.
Là, il semblerait que le projet avance un peu, très peu. Bizarre d’ailleurs, mais peut-être souhaitez vous pouvoir dire dans quelques mois « nous avons agi pour Mazagran !» Du coup, le projet proposé n’est qu’un petit aménagement paysager circonscrit à une petite partie de l’ilot Mazagran. Ca se voit, ça s’inaugure vite, ça se prête à une bonne stratégie de communication, donc c’est bien. Quelques voix en plus pour 2014, mais toujours rien pour les habitants.
Au delà de vos habituels coups de com’, quelle calendrier proposez vous pour faire vraiment évoluer ce quartier, dans une vision d’ensemble ambitieuse ? Cette vision globale est indispensable pour donner un avenir à ce quartier. L’enjeu pour nous est double : rénover et requalifier le quartier tout en préservant la possibilité pour les habitants actuels de ce quartier de rester dans leurs appartements après rénovation. Oui nous pensons que ce quartier devrait être le lieu d’expérimentation d’un système de conventionnement avant rénovation avec les propriétaires fonciers d’une part et la collectivité ou les bailleurs sociaux d’autre part. De tels dispositifs existent avec succès par exemple à Lisbonne, ou à Edimbourg.
Il faudra également prévoir une réelle liaison verte du parc Blandan jusqu’au Berges, via l’université, liaison qui permettrait elle aussi de revaloriser le secteur Mazagran.
Mais ça, j’imagine que ce n’est pas possible, jusqu’au jour où nous direz que vous avez toujours porté cette idée.
Je vous remercie.