Intervention de Christophe Geourjon au nom du groupe «Centristes & Démocrates pour Lyon»
Monsieur le Maire, chers collègues,
Dans le cadre de la présentation du budget 2011, vous ambitionnez de concilier les efforts d’investissement et le développement des services de proximité, qui sont actuellement au cœur des priorités des lyonnais.
Si l’arbitrage est souvent délicat, il est pourtant indispensable et aurait nécessité en 2011 une plus juste répartition entre les différentes missions.
Il est certes nécessaire que les lyonnais puissent bénéficier d’une légitime information sur l’action de leur maire et de son équipe. Il est également positif que notre Ville puisse rayonner hors de ses frontières. Cela ne saurait cependant justifier la progression constante de la part du budget allouée aux relations publiques et à la communication, même si l’on se plaît à dire que la réussite, c’est un peu de savoir, un peu de savoir-faire et beaucoup de faire-savoir. Aux termes de votre rapport, pour autant que les redécoupages des missions permettent de s’y retrouver, le budget communication totalise tout de même plus de 6 M€.
En effet, votre présentation par missions oublie simplement une cinquantaine de millions d’€ de dépenses de fonctionnement et maximise les recettes affectées aux missions. Plus de 2 000 équivalents temps-pleins ne sont affectés à aucune des missions décrites par votre rapport. Que font-ils donc ?
L’écart important entre les chiffres du budget et ceux de votre rapport m’incitent à renouveler notre demande de transparence accrue. Il reste toujours à mettre en œuvre une véritable comptabilité analytique qui vous permettra de faire une prévision chiffrée crédible de chacune de ces actions.
Par ailleurs, la Ville de Lyon peut s’enorgueillir d’affecter une part très importante de son budget à la Culture (108M€ soit 18% des dépenses). Cependant et en dépit de quelques efforts de la Ville pour les rendre accessibles au plus grand nombre, les spectacles, certes ouverts à tous, profitent essentiellement à une minorité aisée des habitants. La culture mobilise 4 fois plus de dépenses que l’action sociale et la santé ! 23% de plus que l’enseignement et la formation !
En ces temps difficiles économiquement, les lyonnais attendent de leurs gouvernants une plus grande retenue en matière fiscale et des services de proximité efficaces.
Ainsi, les prévisions de l’INSEE établies à l’issue du dernier recensement démontrent l’attractivité de notre région qui compte beaucoup de jeunes et qui draine des actifs en âge d’avoir des enfants. Encore faut-il que ces derniers puissent trouver une solution de garde, ce qui relève encore trop souvent à Lyon du parcours du combattant avec une offre certes améliorée, mais qui reste insuffisante et qui nécessiterait une augmentation de la part du budget allouée à la petite enfance.
De même, les projections démontraient des besoins croissants dans le domaine de la restauration scolaire, qui auraient nécessité une meilleure anticipation. Dans certaines écoles, des parents sont aujourd’hui contraints de s’organiser pour faire déjeuner leurs enfants alors même qu’ils ne travaillent pas à Lyon, ce qui les contraint à solliciter des jours de congés afin de pallier l’insuffisance des places disponibles.
Enfin, si l’on peut saluer les efforts en matière de développement du logement social sur notre territoire, on ne peut que déplorer le gâchis de la SACVL, qui était pourtant l’instrument phare de notre ville et dont une grande partie du patrimoine foncier a dû être vendue pour éponger les pertes. Par ailleurs, que dire des efforts de la Ville à destination des bailleurs privés afin d’inciter ces derniers à louer leurs logements vacants quand des centaines d’appartements appartenant au Grand Lyon et isolés au sein de copropriétés privées restent vides depuis des années conduisant la collectivité à payer la taxe sur les logements vacants !
Monsieur le Maire, vous l’aurez compris, notre but n’est pas de vous stigmatiser, mais nous pensons que l’augmentation des impôts n’est pas la seule alternative surtout en période de crise. Des arbitrages plus justes, une meilleure gestion et une optimisation des outils à votre disposition auraient permis de ne pas grever encore plus le budget des lyonnais.
Concernant les recettes 2011, les documents transmis par Mr Brumm indiquent que depuis le début de ce mandat les impôts directs perçus par la Ville de Lyon ont augmenté de 46 M€. Concrètement cela représente pour les Lyonnais une hausse des impôts locaux de 20% soit en moyenne une majoration de 192 € pour chaque ménage Lyonnais.
Comme déjà évoqué lors du débat d’orientation budgétaire, les Lyonnais ont le triste privilège d’habiter une des villes qui ont la taxe d’habitation la plus élevée par habitant (3ème ville de France parmi les communes de plus de 100 000 habitants).
Et ceci n’est pas terminé puisque vous avez déjà annoncé, au Grand Lyon, une augmentation de 10% des taux de la taxe d’habitation pour 2011.
Cette double constatation s’explique par la hausse inéluctable semble t il du budget de fonctionnement (+30% depuis 2001) qui induit mécaniquement une rigidité budgétaire forte (près de 70% contre une moyenne nationale de 60%). Cette dérive a peu à peu absorbé les marges de manœuvre budgétaire d’où votre absolue nécessité d’augmenter les impôts.
Comment sortir de cette impasse ?
Cela passe par une remise à plat courageuse et volontariste des compétences du Grand Lyon et de la ville de Lyon, cela passe également par une gestion des ressources humaines de la Ville de Lyon plus dynamique, cela passe par un usage plus efficace des nouvelles technologies de l’information, cela passe par une information plus complète et transparente des élus, cela passe enfin par un contrôle accru des subventions versées aux associations ou à des organismes extérieurs.
Pour conclure, je souhaite revenir sur le chapitre des subventions. Nous condamnons certaines pratiques de la Ville de Lyon ou du Grand Lyon consistant à régler directement des factures sans passer par le système du vote d’une subvention. De même nous redemandons avec force que chaque demande de subvention soit clairement accompagnée d’une série d’information qui nous semble indispensable : budget de l’opération, part d’autofinancement, rapport moral et financier de l’année N-1. Je me permets de rappeler que les subventions publiques n’ont pas vocation à alimenter une trésorerie excédentaire d’une association ou d’une structure externe.
Si nous voulons demain retrouver une marge de manœuvre budgétaire sans augmenter la fiscalité, si nous voulons mieux répondre aux besoins de proximité des Lyonnais et mieux préparer l’avenir, cette révolution culturelle et fonctionnelle est une urgence absolue, nous devons passer d’une logique du toujours plus à une logique du beaucoup mieux.
Pour toutes ces raisons le groupe « Centristes et Démocrates pour Lyon » votera contre votre budget et s’abstiendra au niveau du budget supplémentaire du Théâtre des Célestins.
Je vous remercie,
Notre intervention a été reprise par Le Progrès dans son édition du mardi 14 décembre