Intervention de Bernadette Bertrix-Veza au nom du groupe « Centristes & Démocrates pour Lyon – UDI »
Monsieur le Maire, mes chers collègues,
Cette délibération est importante puisqu’un tel investissement fixe le cadre général pour les vingt prochaines années dans la restauration scolaire. Il est regrettable que nous n’ayons pas eu un débat spécifique sur la restauration scolaire et sur son mode de fonctionnement.
Je le dis d’autant plus que nous aurions pu échanger sur la pertinence d’une liaison froide comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire dès le début de ce mandat. En effet, si la liaison froide peut avoir ses avantages, elle ne permet pas d’offrir aux enfants une qualité optimale d’alimentation quotidienne. C’est un inconvénient sérieux et j’espère que vous en avez tout de même tenu compte lors de votre décision.
En outre nous aurions pu nous interroger sur la convenance d’un seul et unique appel d’offre pour quelques 22 000 repas par jour. Vous allez me dire qu’en termes financier ce système nous permet de faire des économies et j’acquiescerai à cet argument ; cependant il ne faut pas que les économies entrainent une baisse dans la qualité du repas. Réaliser un seul appel d’offre exclut forcement nos petites entreprises locales qui n’ont pas les moyens de répondre à une telle demande, à l’inverse des grands groupes nationaux ou internationaux de l’alimentaire. A l’heure où les français s’élèvent contre l’alimentation industrielle, nous aurions pu faire un effort en positionnant nos appels d’offres à l’échelle des arrondissements, comme à Marseille, afin que nos PME puissent avoir leurs chances et que les enfants puissent avoir de meilleurs repas.
Je voulais également vous interpeller sur un problème qui prend de plus en plus d’ampleur dans notre municipalité.
Monsieur le Maire, depuis le début de ce mandat vous êtes confronté à la troisième grève de longue durée dans les cantines. C’en est trop ! Cela donne à interroger sur un paradoxe intéressant. Comment un édile socialiste peut-il à ce point être maladroit avec le principe du dialogue social ? J’ai été durant 6 ans adjointe de Raymond Barre en charge du personnel, jamais nous n’avons connu une telle situation. Au risque de vous déplaire c’est la vérité. Vous devez absolument savoir discuter correctement des grands enjeux municipaux avec les services avant de telles décisions. J’attire votre attention sur le fait que le service de restauration n’est pas le seul à connaître des mouvements sociaux, d’autres services se sont régulièrement montrés mécontents de votre gestion et du manque d’échange, je pense notamment à nos policiers municipaux. Comme quoi il n’y a pas que nous qui regrettons l’absence de discussion…
Mes chers collègues la restauration est un grand chantier qui mériterait une remise en question générale, un débat de fond entre les élus, les associations de parents d’élèves et les représentants syndicaux. Nous pouvons nous améliorer dans la gestion du personnel, c’est-à-dire travailler sur l’optimisation des contrats de nos agents. Nous pourrions ainsi faire des efforts sur les temps pleins et non plus réaliser des petits contrats ; cela permettra de mobiliser un agent pendant quelques heures sur la restauration proprement dite, puis lui confier par la suite d’autres missions. Les difficultés de la restauration scolaires vont s’amplifier avec la réforme des rythmes scolaires qui va conduire certains parents à inscrire leurs enfants à déjeuner. L’enquête que nous avons lancée auprès des enseignants et des parents le démonte clairement.
La question du self serait aussi à poser. Certes ce système nous permet d’accueillir plus d’élèves dans un temps restreint, mais cet argument ne peut occulter les deux problèmes qu’il soulève.
Le premier est celui de la présence humaine, de la présence du personnel qui est forcement moins tourné vers l’enfant mais plus vers l’organisation du passage et du flux des écoliers. Il existe un risque de perte du lien enfants – adultes qui est dommage, puisque le temps de la restauration permet aux enfants de voir des adultes dans un autre cadre que celui de la classe, avec une image différente de ceux-ci, une approche différente, et un lien différent ; peut être plus proche et plus à l’écoute d’eux. Le repas est un instant de convivialité et éducatif entre les enfants et les adultes et devrait pouvoir le rester.
La seconde difficulté va de pair avec la présence du personnel, car le système du self augmente le risque de gaspillage. Lorsque je vois que presque trois tonnes d’aliments sont quotidiennement jetés dans nos cantines c’est inquiétant. À l’heure de la crise économique, à l’heure de la responsabilisation des français sur le développement durable et la réduction des déchets, nous ne pouvons accepter une telle situation. La perte de présence du personnel en salle dans ce système est forcement à mettre en lien avec ce gaspillage constant. Nous nous devons de réagir sur ce point et sensibiliser et accompagner les enfants.
Vous le voyez mes chers collègues la tâche est lourde pour offrir une meilleure restauration à nos enfants. C’est l’ensemble des couches de notre système qui est à remettre en question. Nous ne pourrons réussir ce pari qu’avec une réelle et large concertation et une meilleure organisation.
Ce n’est là pas une question de politique politicienne, c’est une question de bien commun et nous sommes élus pour cette raison.
Je vous remercie.
Intervention reprise par Le Progrès et Lyon Capitale dans leurs édition du mardi 2 juillet