En réorientant ses politiques de déplacements en faveur des transports en commun et des mobilités actives, la Métropole engage un programme d’investissement d’un montant de 320 000 000 € en faveur des mobilités actives.
La création du futur réseau express vélo (REV) est la traduction concrète de cette volonté de développer, à l’échelle de l’ensemble du territoire, les mobilités actives.
Pour la réalisation du REV, un budget global de 100 000 000 € a été prévu lors du vote de la PPI 2021-2026 le 25 janvier 2021. Ce budget est constitué d’opérations d’urbanisme individualisées concourant au REV pour moitié et par une opération globalisée de 50 000 000 € pour l’autre moitié.
Depuis près de 10 ans, le trafic vélo augmente entre 10 % et 15 % par an. Hors confinement, la fréquentation cycliste a augmenté de 30% l’an passé par rapport à l’année 2019.Indubitablement, la transformation des pratiques s’accélère. Ces chiffres ne doivent cependant pas devenir le mantra qui motive et justifie toutes vos actions.L’augmentation de la fréquentation augmente aussi les conflits d’usage de voirie avec les véhicules motorisés certes, mais aussi avec les piétons ou encore entre cyclistes. Même sur piste séparée et sécurisée, nous avons affaire à des usages différents et parfois antinomiques : du vélotaf, des déplacements familiale et d’agrément ou une pratique plus sportive. Se focaliser sur un tout cyclable, imaginé qui plus est, comme un seul type d’usager homogène dans ses pratiques serait une erreur.
Christophe Geourjon
Monsieur le Président,
Depuis plusieurs années, une véritable transformation culturelle concernant la pratique du vélo est en mouvement.
Jadis déclassée et déconsidérée, la petite reine a fait son grand retour dans notre centre-ville il y a près de 15 ans avec la pose d’un acte fondateur : le développement du service Vélo’V.
Il s’agissait alors de la première expérience réussie à l’échelle des grandes villes européennes de mise en place d’un système de vélos en libre-service confortant la place de Lyon en matière d’innovations des solutions de mobilité.
Depuis les aménagements cyclables n’ont cessé d’être créés et le réseau n’a cessé de se développer dans le cœur de l’agglomération, mais aussi en première couronne.
L’objectif était de mailler au mieux le territoire pour passer de « l’étoile à la toile. »
Avec ce REV’, Réseau Express Vélo, vous souhaitez nous proposer de passer une nouvelle étape dans le développement des déplacements cyclables dans notre agglomération.
Nouvelle étape car vous l’avez compris, ce REV’ n’est pas une révélation concernant l’importance des mobilités cyclables pour nos politiques métropolitaines.
Nous vous rejoignons sur la philosophie globale du dispositif qui vise à massifier et à fluidifier la circulation cycliste. Cela tout en permettant une meilleure desserte par capillarité dans nos territoires et en évitant les phénomènes de coupure dans les aménagements cyclables réalisés. C’est qui est bien souvent rédhibitoire à la pratique cycliste.
Sur l’ambition affichée, vous affirmez vouloir à terme environ 320 km d’infrastructures, 250 km d’aménagements d’ici 2026, dont 100 km préexistants à reconfigurer au format du REV.
Pourtant, le livret programmatique vert distribué pendant la campagne électorale mentionnait la création d’un réseau de 450 km, certes sans précision de l’échéance de réalisation.
Ce ne sera pas avant au moins 2035, étant donné que votre ambition est donc de 250 km d’ici à 2026 et de 320 km pour 2030.
Vous nous répondrez que vous aviez bien annoncé à la presse pendant la campagne que votre ambition était de réaliser 250 km sur ce mandat.
Mais c’est bien du document distribué dans les boîtes aux lettres des citoyens dont vous devriez être redevable. Document qui est censé être un contrat d’engagement avec l’électeur.
On ne peut pas annoncer plusieurs objectifs pour s’en tenir à celui qui nous arrange une fois élus.
Nous regrettons cette ambiguïté et la confusion que cela a pu susciter chez nos concitoyens pendant la campagne électorale.
Vous nous proposez d’adopter une enveloppe de 100 millions d’euros sur le mandat pour la réalisation du Rév.
D’après le guide « Le coût des politiques vélo » paru en novembre 2020 par le club des Villes et Territoires cyclables, le Chronovélo, modèle du REV Grenoblois reviendrait en moyenne à 800 000€/km.
Ce qui, pour 250km de REV lyonnais reviendrait à un budget de 200M€. Même en prenant « seulement » les 150 km de nouveaux aménagements prévus sur le mandat, cela donne un budget de 120 millions d’euros.
Monsieur le Vice-Président ce décalage interroge ? Votre budget prévisionnel pour le REV est-il insincère ? Les aménagements Lyonnais seront-ils de moindre qualité que ceux de l’agglomération Grenobloise ? Ou considérez-vous que vos amis Grenoblois n’ont pas géré avec efficacité l’argent public ?
Concernant les tracés des différentes lignes prévues, vous annoncez rencontrer les associations d’usagers du vélo et les maires.
Il manque à cette liste les Conseillers Métropolitains. Car oui, nous sommes bien ici en Conseil Métropolitain avec des conseillers métropolitains élus sur une circonscription territoriale et étant donc également des représentants légitime de ces territoires.
Cette délibération est emblématique de votre gouvernance, qui ne laisse aucun battement aux seuls conseillers métropolitains. Nous avons pourtant besoin de cette respiration démocratique. Votre exécutif, votre majorité ne peut pas représenter à elle seule la Métropole sur les territoires.
Citoyens, maires, conseillers métropolitains : c’est sur ce triptique que doit reposer la coconstruction de nos politiques métropolitaines.
Enlevez un de ces éléments et c’est tout notre édifice institutionnel qui est déstabilisé.
Vous expliquez ensuite qu’une fois les lignes définies, des comités de pilotage associant les Maires, les adjoints concernés ainsi que 2 Conseillers métropolitains seront mis en place pour chaque ligne.
Pourquoi seulement 2 conseillers métropolitains seraient associés au comité de pilotage ? Comment seront-ils désignés ? Seront-ils tous de la majorité ?
Vous nous proposez d’engager 10 millions d’euros pour la réalisation de la 1ère ligne allant du Mas du Taureau à Vaulx en Velin à la Vallée de la Chimie de Saint Fons en passant par les berges du Rhône à Lyon. Ligne numéro 1 qui doublonne en partie la piste cyclable des berges du Rhône.
À ce jour, nous ne disposons pas d’éléments nous permettant d’apprécier l’opportunité de cette ligne ni de comprendre pourquoi elle a été choisie pour être prioritaire dans la réalisation du Rév.
Depuis près de 10 ans, le trafic vélo augmente entre 10 % et 15 % par an.
Hors confinement, la fréquentation cycliste a augmenté de 30% l’an passé par rapport à l’année 2019.
Indubitablement, la transformation des pratiques s’accélère. Ces chiffres ne doivent cependant pas devenir le mantra qui motive et justifie toutes vos actions.
Car avec ces seuls chiffres, il est difficile de faire la part des choses sur la réalité qualitative et quantitative de la progression de l’usage du vélo.
Il convient donc de raisonner en termes de part modal et pas simplement en termes de progression chiffrée du nombre des déplacements. Y-a-t-il une explosion des déplacements en vélos ou simplement des déplacements ?
Quelle est l’évolution de la part modale du vélo dans l’agglomération ? Depuis plusieurs années ? Avec les confinements et déconfinements successifs ?
De plus, si la part modale du vélo progresse bien, quel mode de déplacement voit sa part modale diminuer ?
En janvier dernier, une présentation en commission déplacements laissait apparaître que la hausse de la part modale du vélo était avant tout prise aux transports en commun dont la part modale baissait alors que la part modale des déplacements en voitures augmentaient. Ceci pose clairement un problème d’efficacité de votre politique.
Nos voiries seraient ainsi de plus en plus utilisées et toujours plus pour des modes de transports individuels. Cela ne va pas s’améliorer avec la diminution progressive du télétravail.
L’augmentation de la fréquentation augmente aussi les conflits d’usage de voirie avec les véhicules motorisés certes, mais aussi avec les piétons ou encore entre cyclistes.
Même sur piste séparée et sécurisée, nous avons affaire à des usages différents et parfois antinomiques : du vélotaf, des déplacements familiale et d’agrément ou une pratique plus sportive.
Se focaliser sur un tout cyclable, imaginé qui plus est, comme un seul type d’usager homogène dans ses pratiques serait une erreur.
Il y a un vrai travail d’acculturation à mener pour tous les usagers, ne serait-ce que sur les fameux panneaux M12 qui permettent aux cyclistes de franchir sous conditions les feux de circulation. Ces panneaux sont mal connus, peu compris et peuvent susciter tensions voire accidents. Peut-être avez-vous vu sur les réseaux sociaux la vidéo de l’accrochage entre un automobiliste et une cycliste.
Trop vite déployés, mal expliqués, il pourrait en être de même avec les nouveaux feux de signalisation prioritaire cyclistes que vous souhaitez mettre en place.
Il faut participer à ces efforts de pédagogie pour rendre possible la cohabitation entre usages. Que chacun se mette à la place des autres pour éviter de cliver encore plus notre société.
C’est tout cela que vous devez prendre en compte si vous souhaitez mener une Ré’vélorution !
Dans le cas contraire, votre rêve pourrait se transformer en révolte.
Malgré ces quelques points d’alerte, nous voterons favorablement cette délibération, qui plus qu’une rupture, est davantage le prolongement de ce qui a déjà été réalisé dans cette agglomération en faveur des modes actifs.
Si nous sommes acquis au développement des pratiques cyclables, ce vote n’est clairement pas une approbation sans réserve de votre vision des mobilités.
Je vous remercie.