Monsieur le Président, chers collègues,
Le développement de la Pratique du vélo et plus globalement des moyens de mobilités décarbonés au sein de l’aire métropolitaine alimente un cercle vertueux, nous permettant de réduire la pollution atmosphérique, et a fortiori les nuisances urbaines sonores et visuelles. Cette transition, dont la Métropole doit être le moteur, est en phase avec une aspiration forte des citoyens.
Je le répète, le développement de pistes cyclables adaptées et sécurisées sur le territoire de la Métropole va dans le bon sens. Ce consensus sur l’objectif, n’est néanmoins pas exempt de toutes interrogations, de tout reproche. Et c’est au niveau des moyens d’actions employés, de la démarche poursuivie que le bât blesse.
Il semble en effet que le développement des voies lyonnaises ne fasse l’objet d’aucune étude d’impact environnemental. Il s’agit en réalité ici d’une affirmation, puisque l’absence de telles études a été confirmée en réponse à mes interrogations en Commission, suscitant étonnement et interrogations. Pourtant l’article R122-2 du Code de l’environnement stipule très clairement que pour toute piste cyclable de plus de 10 kilomètres l‘études d’impact environnemental est obligatoire.
La voie Lyonnaise numéro 3 est la plus longue des voies Lyonnaise, elle ferra 57 kms, même si aujourd’hui le bilan de concertation présenté concerne seulement une portion de 7,2 kms.
Nous espérons que le morcellement, ou devrais-je dire le saucissonage, des travaux d’aménagement des voies lyonnaises, toujours sur des tronçons de moins de 10 kilomètres (4,3 kms pour la VL8, 7,2 kms pour la VL3, 6 kms pour la VL4, 4,3 pour la VL8, 2,4 pour la VL11,), ne traduit pas une volonté de se soustraire à ces impératifs légaux. Si telle est la motivation de ce morcellement nous condamnons de telles pratiques, l’étude d’impact environnementaux devant permettre d’appréhender l’efficience de ces travaux d’envergure.
Je sais Monsieur le Président que vous êtes attaché au respect de la loi, aussi je ne doute pas que vous allez intégrer dans les dossiers des voies Lyonnaise cette étude d’impact. Merci Monsieur le Président pour votre confirmation !
Les Voies Lyonnaises constituent un projet ambitieux de la Métropole, dans ce mandat ce sont plus de 250kms de voies qui devraient être livrées. Dans ces conditions nous estimons que ce projet doit permettre d’entrainer les sociétés de génie civils et de travaux publics dans une dynamique durable. Pour ce faire il est pour nous essentiel, voire impératif, que pour ce projet dont la Métropole est maître d’œuvre, il soit indiqué dans les rapports :
- Le coût carbone des aménagements,
- Une estimation du retour sur investissement (ROI) carbone afin de s’assurer que les réalisations métropolitaines permettent une réduction de nos émissions de CO2,
- Le nombre de m2 de surfaces désimperméabilisées ou imperméabilisés pour mesurer leur influence sur l’assèchement des sols.
Ces informations sont essentielles au vu des enjeux climatiques à l’heure où le GIEC tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : le réchauffement climatique, les émissions de particules fines et de CO2, l’appauvrissement en eau des sols et la baisse du débit des cours d’eau doivent être impérieusement pris en compte au moment de la réalisation de tels aménagements afin de construire une Métropole plus durable.
Certaines sociétés de travaux publics ont intégré ces préoccupations environnementales dans la conduite de leurs chantiers :
- Utilisation de poids lourds au biogaz, voire même électrique,
- utilisation de matériaux biosourcés, pouvant être perméables et ainsi contribuer à la désimperméabilisation des sols,
- réemploi d’anciens granulats déjà présents sur la voirie (au lieu d’utiliser des granulats neufs fraichement extraits d’une carrière),
- utilisation d’enrobés à froid (matériaux utilisés à température ambiante et non plus chauffé à 175°, ce qui induit une baisse importante des émissions de CO2),
Au-delà des Voies Lyonnaises ces informations sont pour nous nécessaires pour chaque projet ou la Métropole assure la maîtrise d’ouvrage. En effet la transition énergétique ne peut se résumer à planter des arbres et construire des pistes cyclables, ce sont des actions nécessaires et indispensables mais pas suffisantes. La Métropole doit mobiliser les acteurs économiques dans la voie de la transition énergétique non par l’interdiction mais par une dynamique vertueuse. Aussi, nous avions déposé un vœu, pour généraliser de telles indicateurs et le cas échéant, les incorporer dans tout projet de réalisation de nouvelles infrastructures, de rénovation ou d’achats métropolitains.
Le sort réservé à ce projet de vœu, que nous avons déposé en bonne et due forme auprès des services compétents dans les délais impartis nous laisse quelque peu songeur. Par deux fois ce dernier fut jugé non recevable.
Un 1er refus pour le caractère impératif du vœu et vous aviez raison, un vœu ne peut imposer une décision au conseil de la Métropole. Aussi avons-nous modifié la syntaxe de notre vœu en utilisant le conditionnel, renforcé par l’usage du mot « souhaite ». Il nous a cette fois-ci été opposé que les projets de vœu ne doivent pas traiter des compétences de la Métropole !
Pour être tout à fait précis, le règlement intérieur dans son article 29 indique qu’un vœu doit traiter d’objets « d’intérêt métropolitain ». Monsieur le Président merci de m’expliquer comment un vœu abordant un projet conduit par la Métropole de Lyon n’est pas d’intérêt métropolitain, à l’inverse merci de m’expliquer comment un objet d’intérêt métropolitain ne serait pas déjà traité par la Métropole.
A l’inverse, le vœu déposé par votre majorité verte/NUPES sur les retraites qui traite d’une question d’actualité majeure d’intérêt individuel et national. Mais malgré ma bonne volonté je ne vois pas l’intérêt métropolitain, mis à part son intérêt politicien, et je vois moins encore comment la Métropole peut agir concrètement sur ce dossier. La Métropole est une collectivité locale, je crois Monsieur le Président que certains membres de votre majorité sont frustrés de ne pas être député ou sénateur ….
Bienvenu à la Métropole des Shadoks !
Ces péripéties politicienne nous confortent donc dans l’idée que le souhait d’aller vers une démarche plus transparente et écologique, en intégrant dans les rapports des indicateurs environnementaux objectivables ne semble pas relever de l’intérêt de votre majorité. La proposition de généraliser et d’utiliser ces indicateurs environnementaux n’entrant pas dans l’intérêt d’une Métropole dirigée par une majorité verte.
Pourtant c’est possible, d’autres le font, y compris des entreprises privées. Aéroport de Paris par exemple intègre dans les critères de choix de ces appels d’offre une pondération à hauteur de 50% sur le prix mais aussi de 30% vis-à-vis du cout carbone de la prestation. Avec en plus un suivi durant la réalisation des prestations ou des travaux avec un système de bonus/malus en fonction du respect des engagements inclus dans la réponse à l’appel d’offre. En comparaison, SYTRAL Mobilité, dont vous êtes le Président, Monsieur le Président, a mis une pondération de seulement 10% pour la partie environnementale et sociale dans les appels d’offre liés au T10. Chercher l’erreur !!!
Monsieur le Président nous sommes tous convaincu de la nécessité de la sobriété, mais nos chantiers doivent eux aussi être plus sobres. Inclure le cout carbone de la prestation avec une pondération élevée induirait probablement une légère augmentation du budget mais permettrait une saine émulation entre sociétés au profit de la transition énergétique tout en favorisant la construction d’une filière industrielle.
En l’état des documents notre groupe s’abstiendra sur les 3 délibérations traitant des voies Lyonnaises.
Je vous remercie.