Après 3 mois de débats lors des Assistes Nationales de la Mobilité fin 2017 et suite rapport Duron du février 2018, qui fixe les priorités en matière d’infrastructure de transport, c’est au tour du gouvernement de choisir parmi trois scénarios proposés, ce qui deviendra la LOI d’Orientation des Mobilités (LOM).
Intervention de Christophe Geourjon
Monsieur le Président,
Les élus UDI approuvent le principe de cette contribution de la Métropole de Lyon à la future Loi d’Orientation des Mobilités (LOM). En effet, pour nous cette loi mobilité ne doit pas être le reflet d’une vision parisienne, au contraire elle doit se nourrir des expériences locales des territoires. En clair, elle doit nous donner des outils et des moyens supplémentaires pour améliorer concrètement la mobilité du quotidien des Grands Lyonnais.
Nous partageons plusieurs principes ou questionnements évoqués :
- L’ambition d’écarter le trafic de transit de la Métropole en utilisant notamment des outils comme le péage de transit et le contrôle automatique des poids lourds.
- La requalification de l’axe A6-A7 en boulevard urbain.
- Le bouclage et la requalification du périphérique lyonnais avec la réalisation de l’axe multimodal « Anneaux de sciences ».
- La priorité donnée à l’amélioration de la qualité de l’air. C’est effectivement un enjeu de santé publique, mais aussi un élément d’attractivité.
- L’objectif de construire une ville des courtes distances, ce qui implique une cohérence renforcée de nos politiques au niveau de l’urbanisme, des déplacements et du développement économique.
- Enfin, un soutien renforcé aux mobilités actives.
8 de vos éléments à débattre sur les mobilités
Ce rapport est l’occasion d’avoir un débat au sein de notre conseil sur les mobilités. Pour illustrer mes propos je reprendrai 8 de vos éléments.
Premièrement, nous saluons la volonté de mettre en place des mesures incitatives en faveur du covoiturage (tarification avantageuse pour le stationnement, voies réservées, création d’aires de service aux covoitureurs,…). Ce sont des propositions que nous portons régulièrement depuis plus de 5 ans au sein de ce conseil. Les élus UDI considèrent en effet que le covoiturage est un moyen de transport collectif individuel. Nous sommes satisfait que nos propositions soient enfin reprises par la Métropole.
Deuxièmement, nous soutenons la volonté de favoriser le télétravail. Sans attendre la loi, et nous avons eu l’occasion d’en parler Monsieur le Président, la force de l’exemple est le meilleur argument. Aussi les élus UDI souhaitent que la Métropole mette en œuvre une politique interne volontariste en faveur du télétravail. Par ailleurs, les communes pourraient aussi s’inscrire dans cette démarche, je pense notamment aux 8000 agents de la Ville de Lyon. Il serait intéressant que dans le prochain bilan social de nos collectivités respectives le pourcentage d’agent pratiquant le télétravail soit indiqué.
Troisièmement, les élus UDI sont favorables au projet de « Pass Urbain » déjà évoqué à de nombreuses reprises dans cette assemblée. L’objectif est de pouvoir utiliser l’ensemble des mobilités urbaines publiques ou privés, incluant les services TCL, TER, les mobilités actives, l’autopartage ainsi que le règlement des péages ou des parkings. Le porteur de ce pass pourrait donc facilement délaisser sa voiture au profit d’un mode de transport plus durable.
À l’image de la carte régionale « OùRA! », ce système de billettique permettra de développer une tarification incitative en cohérence avec les politiques de la Métropole.
La question non résolue dans le rapport est la structure de portage de ce pass. Est-ce la Métropole ? Où est-ce le SYTRAL ?
Depuis plusieurs années, les élus centristes et UDI demandent que le SYTRAL devienne une direction de la Métropole. Cette scission SYTRAL/Métropole ne posait pas de difficultés au siècle dernier lorsque les déplacements n’étaient pas un enjeu majeur pour chacun d’entre nous et quand les mobilités se résumaient aux voitures particulières d’un coté et aux transports en commun de l’autre. Aujourd’hui, les enjeux de la mobilité sont nombreux : déplacement, santé publique, partage de l’espace public, qualité de vie, organisation du travail, développement économique, attractivité du territoire, solidarité, urbanisme… bref les mobilités sont en réalité le cœur du projet politique de la Métropole de Lyon. Dans ces conditions, l’existence même d’un SYTRAL à côté de la Métropole doit se poser.
Quatrièmement, il y a un mois, le SYTRAL a annoncé que les études de faisabilité pour la ligne E du Métro étaient positives et qu’il allait engager des études supplémentaires pour ce projet. La réalisation de cette étude technique était un engagement de campagne du candidat Gérard Collomb, promesse tenue. Au passage, je note avec plaisir qu’un des 2 scénarii présenté permettrait d’initier la liaison St Paul/Part-Dieu que nous défendions il y a 4 ans avec Michel Havard, comme quoi … La ligne E nécessiterait, selon la présidente du SYTRAL, un budget global d’un milliard d’euros réparti sur 2 mandats. En pratique, cela signifie que le SYTRAL n’aura pas la possibilité de réaliser d’autres projets d’envergures jusqu’en 2032, cela gage donc toute possibilité de développement sur d’autres secteurs de la Métropole et donc notamment à l’Est.
À notre sens, avant d’investir sur de nouvelles infrastructures, il est essentiel d’optimiser l’usage de l’existant. Pour commencer, je vous rappelle que nous avons la chance de posséder sur le territoire Métropolitain 35 gares (23 à l’Ouest, 6 à Lyon et 6 à l’Est). Il existe, par exemple, une ligne ferroviaire reliant Tassin à St Paul en 12 minutes et avec une fréquence de 15 minutes en heures de pointes !
L’infrastructure existe, ou est la justification de réaliser un métro à 1 milliard d’euro ? Pour l’habitant de la Métropole savoir si l’opérateur est la SNCF ou les TCL ou encore savoir que l’autorité organisatrice est la Métropole ou la Région n’a pas beaucoup d’intérêt. Ce qu’il veut ce sont des moyens de transports fiables, efficaces et confortables. Dans ces conditions, une solution plus économique que le métro (mais moins vendable, il est vrai, lors d’une campagne électorale) serait que Métropole et Région reconfigurent ensemble en profondeur le réseau TER : augmenter les fréquences, éventuellement déplacer, en concertation avec les Maires, certaines gares pour éviter le trafic de transit en cœur de village, enterrer certains passages à niveau comme celui de Vernaison, augmenter significativement la capacité des parcs-relais. Développer ce REM (Réseau Express Métropolitain) véritable RER à la Lyonnaise permettrait d’apporter une réelle amélioration à la mobilité de tous sur l’ensemble de l’agglomération.
Cinquièmement, vous demandez, à juste titre, que la loi d’orientation des mobilités renforce les Métropoles dans leur rôle de chef de file des mobilités urbaines. Nous pensons qu’il faut aller plus loin et demander que Métropoles et Région aient la compétence conjointe pour développer à Lyon un réseau RER. Une matérialisation concrète à court terme de ce travail en commun serait une tarification unique afin qu’il soit possible d’utiliser indifférement les TCL ou les TER. Ceci existe déjà au niveau par exemple de l’agglomération Grenobloise ou il est possible d’emprunter les TER avec son abonnement urbain TAG (Transports de l’agglomération grenobloise).
Sixièmement, beaucoup de nos lignes fortes sont victimes de leurs succès et sont saturées, il en de même pour les parcs-relais. Vous le reconnaissez d’ailleurs dans le rapport : je cite « le rythme de réalisation reste assez lent au regard des besoins ». Il y a là effectivement un axe de progrès incontestable qui constitue une condition de succès pour le report modal. Par ailleurs, augmenter la capacité des parcs-relais permettrait d’optimiser l’usage de l’argent public en rentabilisant mieux les investissements déjà réalisés sur nos lignes fortes, on peut notamment penser aux lignes TER de l’ouest lyonnais, à la ligne T3 et au métro B prolongé à Oullins.
Septièmement, nous soutenons pleinement votre demande d’un débat public sur la désaturation du nœud ferroviaire lyonnais (NFL). Nous reformulons à cette occasion notre demande que l’option St Exupéry soit réellement incluse dans ce débat. Cette solution de désaturation du NFL doit être étudiée de manière indépendante du lobby de la SNCF. Il s’agit là d’un enjeu d’aménagement du territoire et non seulement d’un problème de rails et de trains. L’option St Exupéry doit être étudiée en intégrant la création d’une liaison express TCL (train-métro) entre St Exupéry et Part-Dieu. Une telle liaison, moins coûteuse qu’une gare souterraine à Part-Dieu permettrait à St Exupéry de devenir la porte d’entrée de l’agglomération pour le nord-isère et permettrait de mieux desservir le Grand Stade ou Eurexpo selon le tracé retenu. Les conditions d’un élargissement de la Métropole à la CCEL devraient aussi être étudiées à cette occasion.
Enfin huitièmement, vous évoquez la nécessité que la future loi d’orientation des mobilités (LOM) autorise les Métropoles à prélever des recettes nouvelles auprès des bénéficiaires les plus directes des investissements publics dans le domaine des transports en lien, par exemple, avec la valorisation du foncier. Ce dispositif existe déjà, en effet depuis juillet 2010 une AOM peut percevoir une taxe forfaitaire sur les plus-values de cession foncière dont la valeur aurait augmenté suite à la construction d’infrastructures de transport collectif (loi n°2010-788 du 12 juillet 2010). Le 23 novembre 2011, j’avais demandé par courrier aux Présidents du SYTRAL et du Grand Lyon d’étudier l’apport que ce dispositif pourrait représenter la Métropole pour développer son offre mobilité… je n’ai jamais eu de réponses. Je suis heureux que 7 ans après nous allons peut-être avancer sur cette voie !
Je vous remercie
Christophe Geourjon