Budget primitif 2018 : un budget financièrement équilibré mais nous avons des désaccords politiques

Intervention de Christophe Geourjon, au nom des élus UDI et apparentés

Le budget primitif 2018 a été préparé dans un contexte national particulier, car il a été préparé avec une Loi de finance 2018 voté à l’Assemblée nationale en décembre 2017, dont les effets sont inquiétants pour ceux qui sont attachés à la décentralisation et à la proximité.

Christophe Geourjon est intervenu pour exprimer une satisfaction pour ce budget primitif, mais énumère les désaccords qui font que les élus UDI et Apparentés ont voté contre cette délibération.

Cependant, le budget d’une collectivité locale n’est pas seulement un acte financier, c’est également et surtout le reflet de choix politiques et de gouvernance. À ce niveau, les élus centristes ont des désaccords qui perdurent, même si certains de ces choix sont le fait de votre prédécesseur. 

Intervention de Christophe Geourjon

Monsieur le Président,

En préambule de mon intervention, je souhaite vous remercier pour le temps d’échange que les élus UDI ont eu avec vous autour des problématiques budgétaires de la Métropole. Ces échanges très libres que vous avez proposé à l’ensemble des groupes politiques illustrent un changement dans la gouvernance.

Changement que nous notons également au niveau des vœux de la Métropole. Les élus UDI sont satisfaits de votre décision de privilégier la proximité en participant vous-même aux cérémonies des vœux des communes et d’arrondissement de la Métropole.

Revenons au budget :

Le contexte national dans lequel ce budget a été préparé est inquiétant pour ceux qui sont attachés à la décentralisation et à la proximité. J’avais eu l’occasion de détailler ces inquiétudes lors du débat d’orientation budgétaire en décembre, je ferai donc court.

Oui, nous sommes dans une phase de recentralisation, la liberté d’administration des collectivités locales risque de devenir un vague souvenir.
Oui, la tutelle de l’État va être de plus en plus pesante et présente.
Ce cadre purement financier imposé par l’État va aboutir à l’impossibilité pour les collectivités de moderniser ou d’offrir de nouveaux services aux habitants et aux acteurs de leur territoire. Cette forte ingérence est d’autant moins acceptable que ces mêmes collectivités présentent chaque année un budget équilibré et sans déficit, contrairement à celui de l’État.

Monsieur le président, le budget prévisionnel que vous nous présentez aujourd’hui est sérieux et présente de bons ratios financiers. Les élus UDI reconnaissent bien volontiers la qualité du travail fourni par le vice-président en charge des finances et l’ensemble des services financiers de la Métropole de Lyon. La gestion financière de notre collectivité est optimisée et satisfaisante dans le contexte actuel.

Les dépenses de fonctionnement insertion/solidarité/habitat montrent une croissance importante qui devrait se prolonger dans les années à venir. Pour 2018, c’est globalement une hausse de 3% pour atteindre un budget de 737M€. Les dépenses sociales représentent donc 31% des dépenses de fonctionnement de la Métropole de Lyon. Le financement des dépenses sociales, notamment pour les personnes en situation d’handicape et les personnes agées, est un des défis majeurs que nous aurons à affronter dans les années à venir. C’est aussi un des intérêts de la fusion de la Communauté Urbaine et du Département : financer la hausse des dépenses sociales sans avoir recours à la hausse de la fiscalité.

Ce sérieux est également attesté par le respect de votre engagement à maintenir la stabilité de la masse salariale, hors mesures exogènes et hors créations de postes financiers par ailleurs, stabilité qui intègre la GVT (Glissement Vieillesse Technicité). Nous sommes conscients de la difficulté de tenir cet engagement et ceci particulièrement sans modification de l’organisation.

Cependant, le budget d’une collectivité locale n’est pas seulement un acte financier, c’est également et surtout le reflet de choix politiques et de gouvernance. À ce niveau, les élus centristes ont des désaccords qui perdurent, même si certains de ces choix sont le fait de votre prédécesseur. 

Je vais énumérer nos 5 principaux de désaccords :

  1. La faible mutualisation entre les 59 communes et la Métropole. Notre collectivité compte près de 8900 agents[1], mais ne comptabilise que 2 services communs et 2 services mutualisés avec les communes. Reconnaissez que c’est peu, très peu.

À titre de comparaison, la Métropole de Bordeaux a déjà mutualisé ses services avec ceux de 18 communes sur 27. (Intervention de Christophe Geourjon lors du vote du BP2016).

Pour les élus UDI, la mutualisation a pour objectif d’améliorer la qualité du service rendu tout en améliorant les conditions de travail des agents. Ces améliorations sont indispensables dans le secteur de l’action social et de la dépendance en particulier. Mais une mutualisation plus efficiente permet aussi des économies. On devrait donc être dans une démarche gagnant-gagnant.

  1. Concernant la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères la fameuse TEOM, nous tenons a saluer le travail d’analyse des adhérents bénévoles de CANOL. Nous avons entendu les éléments de réponse de Thierry Philip et de Richard Brum, mais sur ce dossier le précédent Président a, au minimum, fait preuve de légèreté.

Depuis des années nous demandons un budget annexe qui aurait le mérite de la transparence, depuis des années nous demandons également le passage de la TEOM à la REOM, le passage de la taxe à la redevance incitative et beaucoup plus responsable en terme de développement durable. Car comme l’a rappelé Richard Brum « le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit ! » Une étude a semble-t-il été conduite par la Métropole, mais malgré plusieurs demandes nous n’avons pas réussi en avoir une communication. Monsieur le Président pouvez-vous nous confirmer l’existence de cette étude ? si oui pouvez vous nous en adresser une copie ?

  1. Autre points de désaccord, la nouvelle baisse de 3% de la subvention de la Métropole au SYTRAL. La mobilité est une priorité pour chaque métropolitain et pour chaque acteur économique. C’est indéniablement un facteur d’attractivité économique, d’équité sociale et enfin de santé publique pour lutter contre la pollution de l’air. Cette baisse n’est donc pas justifiable.
  1. En restant sur le thème de la pollution de l’air et de la mobilité, nous soutenons votre décision, Monsieur le Président, de mettre en place de « zones à faibles émissions ». C’est une véritable avancée pour améliorer la qualité de l’air sur notre territoire. Cependant, nous sommes étonnés que les infrastructures routières absorbent (dans la continuité du budget 2017), 30% du budget de fonctionnement et 75% du budget d’investissement de la politique mobilité de la Métropole.
  1. Pour finir, nous regrettons le peu d’ambition de la phase 1 du projet de déclassement de l’axe autoroutier A6/A7. Sur un tel projet d’aménagement du territoire, d’amélioration du cadre de vie et de la qualité de l’air, il faut avancer plus rapidement. Pour cela, nous l’avons déjà évoqué, il était nécessaire de remettre à plat la PPI de la Métropole et le plan de mandat du SYTRAL. Nous regrettons que ces 2 chantiers n’aient pas été ouverts cet automne, car sans cela le déclassement de l’A6/A7 ne sera que cosmétique d’ici 2025 !

Monsieur le Président, même si j’exprime une satisfaction pour ce Budget primitif 2018, nous avons des désaccords politiques qui expliquent que nous voterons contre le budget 2018.

Je vous remercie,

Christophe Geourjon 

[1] 8521 dans la fonction publique territoriale, 379 dans la fonction publique hospitalière

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