Intervention de Marc Augoyard au nom du groupe « Centristes et Démocrates pour le Grand Lyon »
Monsieur le président, mes chers collègues,
Quel beau projet ! Relancer la liaison entre ces deux territoires, Rhône-Alpes et Piémont, en pleine année Jean-Jacques Rousseau, quel beau symbole !
Ce projet n’est pas nouveau. De nombreuses années déjà que l’idée d’une liaison ferroviaire entre les deux capitales régionales fait débat. Rendons hommage au Conseil régional Rhône-Alpes qui, lorsqu’il était encore dirigé par le centre, avait donné une impulsion décisive.
L’avis du Grand Lyon, commun aux autres communautés membres du futur pôle métropolitain (ce qui montre au passage qu’il n’est pas besoin de structure supplémentaire pour permettre le dialogue et l’action commune) est équilibré, nous le voterons donc. Cet avis est aussi l’occasion de quelques remarques.
- Faire le Lyon-Turin, c’est construire une nouvelle ligne entre Lyon et Chambéry. Il faut vraiment n’avoir jamais pris la liaison TER entre ces deux villes pour défendre son inutilité. Entre les voies uniques, les attentes de croisement et les contraintes géographiques, les retards sur la ligne sont fréquents et n’en font pas encore un mode efficace de substitution à la voiture. Il est nécessaire de permettre une liaison à grande vitesse.
- Faire le Lyon-Turin, c’est inscrire Lyon dans un schéma ferroviaire européen. C’est refaire de Lyon ce qu’il a toujours été, un carrefour entre le nord et le sud, entre l’ouest et l’est. Achever la liaison entre Lyon et Turin, c’est connecter Lyon à Milan, Venise et au-delà. En gardant à l’esprit que nous sommes maintenant connectés à l’Allemagne via Strasbourg et que nous le serons bientôt à l’Espagne via Barcelone.
- Faire le Lyon-Turin, c’est avoir une vision équilibrée du développement durable en permettant le transfert du routier sur le ferroviaire et permettre aux vallées d’être allégées d’un trafic polluant et encombrant. C’est là aussi confirmer la vocation de pôle intermodal de Saint-Exupéry.
Mais ce projet est aussi, il faut bien le dire, révélateur des dogmatismes des uns et du manque de volonté des autres.
Je voudrais dire, en toute amitié, à nos amis écologistes et à leurs confrères que parfois, il faut prendre un peu de recul sur ses positions. On ne peut pas être contre tout et toujours pour soi-même.
Sur le projet Lyon-Turin, au lieu de défendre dogmatiquement la faune et la flore de la Vallée de la Suse, ne veulent-ils pas plutôt permettre la construction d’une infrastructure qui désengorgera les vallées du trafic routier, qui permettra une connexion intermodale avec des moyens de transports plus écolos que l’avion et le camion. Elles sont là les vraies questions : peut-être que nos amis écologistes préfèrent que l’on prenne l’avion que le train pour aller à Milan ou Venise ? Peut-être que nos amis écologistes préfèrent que l’on organise le transport routier plutôt que le ferroutage ?
Quand on fait de l’opposition un mode de vie, il ne faut pas vous étonner de faire 20% dans les élections protestataires de mi-mandat et entre 1 et 2 % dans les élections où il s’agit de définir un projet pour un pays !
Mais je vous rassure, nos amis EELV ne sont pas les seuls coupables des retards du Lyon-Turin. L’État, des deux côtés de la frontière d’ailleurs, n’a pas toujours été à la hauteur de l’ambition du projet. Aux vues des dernières déclarations présidentielles, peut-être que l’État augmentera sa contribution au projet pour financer une guérite à la frontière entre la France et l’Italie, si d’aventure le président-candidat venait à persister dans sa lutte contre les « frontières passoires » dont s’inquiéterait la « France du non » ?
Ce projet est le symbole d’une Europe qui réunit les Européens. D’une Europe de l’échange. D’une Europe des échanges. D’une Europe concrète que les Européens attendent. D’une Europe que Lyon construisait déjà la Renaissance en accueillant ces étrangers florentins qui ont fait notre prospérité comme en témoigne notre magnifique Vieux-Lyon.
Prolongation d’une tradition historique, le projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin est assurément un projet d’avenir qu’il ne faut pas tarder à réaliser. Un projet comme l’Europe, notre pays et notre région en manquent tant.
Je vous remercie.