Intervention de Christophe Geourjon
L’A46 Sud qui relie le noeud A47-A7 à l’A43 traverse trois communes de la Métropole de Lyon : Corbas, Mions et Saint-Priest. Plus largement, elle permet d’assurer le grand transit Nord-Sud ainsi qu’une desserte locale de la Métropole de Lyon et de ses territoires voisins. Avec environ 90000 véhicules par jour dans sa section la plus chargée dont 20000 poids lourds, elle est le support d’importantes émissions de polluants et source d’insécurité.
Le projet d’aménagement de l’autoroute A46 Sud est constitué par la mise à 2×3 voies de l’ensemble du linéaire et l’aménagement du noeud de Manissieux. Les études ont été confiées par l’État au concessionnaire Autoroutes du Sud de la France (ASF, groupe Vinci Autoroutes) via l’initiative d’un « plan de relance autoroutier » en 2015.
Christophe Geourjon est intervenu lors du Conseil de la Métropole de Lyon pour demander une vision plus globale, partagée et multimodale pour les infrastructures autoroutières.
A46 sud : cet enjeu nous concerne tous et nous ne pouvons pas en détourner les yeux.
Monsieur le Président, vous nous proposez aujourd’hui de nous prononcer sur le projet de l’aménagement en 2×3 voies de l’A46 Sud. Cet enjeu nous concerne tous et nous ne pouvons pas en détourner les yeux.
D’après le Vice-Président Kohlhaas en commission, sur l’A46 Sud, dans le tronçon le plus fréquenté, c’est près de 100 000 véhicules/jour.
- Dont 20% de poids-lourds parmi lesquels 50% sont en transit
- Dont 80% de Véhicules légers dont 15% sont en transit
Les flux étant majoritairement des flux de desserte du territoire métropolitain, le projet d’aménagement de l’A46 sud est donc bien un véritable sujet métropolitain. Dans ce dossier très complexe, voyons d’abord ce qui peut tous nous rassembler.
Nous sommes tous d’accord pour dire que la situation actuelle n’est clairement pas satisfaisante, en témoignent encore les embouteillages monstres sur la Rocade Est.
Nous regrettons tous que la concertation telle qu’elle est conçue et menée par l’État et ASF ne permette pas d’avoir une vision globale et ambitieuse des mobilités sur notre territoire. Pourquoi ?
- Car elle ne prend pas en compte l’aménagement du nœud de Ternay-Givors pourtant en lien direct avec l’A46 Sud.
- Car elle ne prend pas en compte les alternatives possibles au trafic routier notamment le ferroutage ferroviaire.
- Car elle n’évoque nullement le projet de contournement est de Lyon par le prolongement de l’A432.
Concernant l’avis de la Métropole en lui-même que vous nous soumettez. Même remarque que pour la concertation d’ASF, il faut que nous aussi, nous soyons capables d’avoir une vision globale des mobilités à l’échelle du bassin de vie métropolitain. Que nous soyons capables de quantifier les flux, de les analyser dans l’est comme à l’ouest, sur M6/M7, l’axe Nord/Sud de Lyon, le boulevard périphérique est et bien sûr la Rocade Est/A46.
Montons une équipe métropolitaine des mobilités pour que les projets d’infrastructure avancent !
Si nous ne sommes pas capables de travailler sur tout ça ensemble, notre politique mobilité ne tiendra que sur une jambe et est condamnée à l’échec que ce soit en termes de report modal, de diminution des nuisances et des impacts écologiques.
Rappelons-le : pour que les choses bougent au plus haut niveau, il faut que nous arrivions à nous mettre tous d’accord sur une vision commune.
Trouver notre plus grand dénominateur commun. Sinon, dans 20 ans, je peux vous prédire que nous en serons toujours à discuter de ce qu’il faut faire et l’État, quel que soit le Gouvernement, ne bougera pas le petit doigt.
Si nous ne sommes pas capables de porter une vision globale, partagée et multimodale, dans 20 ans, le CFAL Nord et Sud restera toujours un doux rêve. Le fret ferroviaire n’aura pas progressé, il aura peut-être même disparu. Si nous ne nous battons pas ensemble, en 2035 et encore si tout se passe bien, nous en serons à peine à passer de 2 à 4 voies ferrées sur le tronçon St Fons/Grenay. 15 ans pour doubler seulement 19km de voies ferroviaires.
Sans une position commune sur les déplacements au sens large, des déplacements qui sont par multimodaux, la mise en place d’un Réseau Express Métropolitain, le RER à la Lyonnaise, risque de rester malheureusement encore longtemps en l’état de projet.
La position esquissée par le Vice-Président Kohlhaas en commission Mobilités est intéressante :
- Oui nous voulons tous un report du fret routier vers le rail pour cela il faut que le chantier du CFAL avance enfin,
- Oui nous voulons réduire le trafic routier pour atténuer les nuisances,
- Oui le contournement est de Lyon, l’A432 est une solution qui doit être sérieusement envisagée.
Il est nécessaire d’établir une adhésion plus large au projet
A défaut, pour votre majorité, de pouvoir exprimer cette position clairement, la rédaction de l’amendement proposé par le groupe LR permet d’ouvrir l’étude de toutes les alternatives et nous permet d’être à même de faire émerger un consensus. À défaut, nous ne pourrons voter favorablement le rapport que vous nous soumettez.
C’est avec ce type de méthode permettant une adhésion plus large au projet que nous renforcerons la position de la Métropole et de toutes les collectivités du territoire sur la question des infrastructures.
C’est cette méthode de recherche du consensus qui avait permis – il y a maintenant 5 ans -d’obtenir de l’État le déclassement des autoroutes A6/A7 en M6/M7, l’objectif étant à l’époque de parvenir d’ici à 2025 à transformer cet axe en un boulevard urbain….
Pour réussir, il faut au-delà de nos sensibilités et des spécificités de chaque territoire, l’adhésion du plus grand nombre. Il nous faut monter une équipe métropolitaine des mobilités pour construire des solutions partagées et porter nos demandes.
En l’absence d’une vision globale des mobilité nous nous abstiendrons sur ce dossier.