Intervention de Christophe Geourjon au nom du groupe « Lyon Démocrate – MoDem »
Monsieur le Maire, chers collègues,
En premier lieu, Monsieur le Maire, je me dois pour être objectif d’indiquer que votre budget primitif de fonctionnement 2010 est comparable au prévisionnel 2009.
Concernant les recettes 2010, les documents transmis par Mr Brumm indiquent que depuis le début du mandat les recettes fiscales perçues par la Ville de Lyon ont augmenté de 36M€. Concrètement cela représente donc pour les Lyonnais une hausse des impôts locaux de 15% soit en moyenne une majoration de 152€ pour chaque ménage Lyonnais.
En termes d’équilibre budgétaire la situation n’est pas aussi rose que vous voulez bien nous le faire croire. Ainsi la ville de Lyon, après remboursement des emprunts (en intérêt et en capital) ne possède plus de capacité d’autofinancement. Il est d’ailleurs indiqué dans votre rapport que ces dépenses sont supérieures aux recettes réelles de fonctionnement (101,07%). Concrètement, en 2006 notre Capacité d’AutoFinancement net (CAF net) était de 26M€, en 2007 17M€, en 2008 15M€, en 2009 12 M€ et donc pour 2010 un budget négatif de -5M€. Cela signifie qu’aujourd’hui, pour investir la Ville de Lyon dépend directement des co-financements qu’elle peut obtenir et de nouveaux recours à l’emprunt. Par comparaison, les autres villes françaises de plus de 100 000 habitants, restent en moyenne capables de mobiliser un autofinancement couvrant presque 10% des investissements (Source Public Evaluation System). Autre point inquiétant alors même que l’encours de la dette est relativement stable depuis 2003 la charge financière de la dette est proportionnellement en hausse constante.
En parallèle, même si l’investissement 2010 est en hausse, il n’est pas à la hauteur d’une ville comme Lyon. Ainsi, Villeurbanne va investir en 2010 26% de plus par habitant que Lyon.
Cette double constatation s’explique par la hausse inéluctable semble t il du budget de fonctionnement (+30% depuis 2001) qui induit mécaniquement une rigidité budgétaire forte (presque 75% contre une moyenne nationale de 68%). Cette dérive a peu à peu absorbé les marges de manœuvre budgétaire d’où un autofinancement très réduit.
Comment sortir de cette impasse ?
Aujoourd’hui une politique courageuse de mutualisation et de concentration des services entre Grand Lyon et communes est devenue indispensable. Alors même que de plus en plus de compétences sont transférées au Grand Lyon on constate que jour après jour les effectifs de la Ville de Lyon augmentent. Chercher l’erreur !
Des villes ont résolument décidé de jouer à fond la carte de l’intercommunalité : Brest, Amiens, Nantes. Ainsi la masse salariale pour une ville comme Amiens ne représente plus que 35% de son budget. A Lyon nous sommes toujours à 60% !
Prenons un exemple concret, au niveau des services généraux. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les besoins informatiques d’une commune et ceux du Grand Lyon sont très proches. Pourquoi dans ces conditions conserver des services en doublon alors que la mutualisation permettrait des économies de fonctionnement et d’investissement par une politique d’achat commune.
Cette politique ne peut être efficace que si le maire de Lyon accepte de transférer totalement certains services municipaux au Grand Lyon. Sinon la démarche est contre productive et aboutit à la mise en place de doublons. Ainsi l’urbanisme est une compétence exercée par le Grand Lyon, mais vous avez choisi de conserver une direction de l’aménagement urbain, une direction des études et techniques urbaines, une direction des déplacements urbains, une délégation générale au développement urbain. Ou est l’effet positif de la mutualisation ?
Au-delà de l’aspect purement comptable cela permettrait également une efficacité accrue. Souvent un dossier est traité pour partie par plusieurs services du Grand Lyon, et pour partie par plusieurs autres services de la Ville. Ou est l’efficacité ?
Par exemple, prenons le dossier que nous allons voter du réaménagement du square Aristide Briand dans le 7ème arrondissement. Lors de la réunion d’information des riverains le chef de projet de la Ville de Lyon (appartenant à la direction des études urbaines) a présenté les aménagements intérieurs du square. Problème : les aménagements extérieurs (compétence de la direction de la voirie du Grand Lyon) ne permettent pas la circulation des poussettes ou des personnes à mobilité réduite ! Le dossier va donc retourner dans les services du Grand Lyon, puis revenir aux services de la Ville etc … Une fois encore ou est l’efficacité ?
Vous l’avez compris au-delà du simple aspect budgétaire nous regrettons un manque d’audace et d’ambition dans la gouvernance de la Ville et du Grand Lyon. Nous sommes conscients de l’existence de résistances, de volonté de certains de conserver « leur » service, « leur » administration, …
Si nous voulons demain retrouver une marge de manœuvre budgétaire sans augmenter la fiscalité, si nous voulons mieux répondre aux besoins de proximité des Lyonnais et mieux préparer l’avenir cette révolution culturelle et fonctionnelle est une urgence absolue.
Pour toutes ces raisons le groupe « Lyon Démocrate – MoDem » ne votera donc pas le budget primitif 2010.
Je vous remercie,
Notre intervention a été reprise par Le Progrès dans son édition du mardi 15 décembre ainsi que par Les Potins d’Angèle (édition du 16 décembre)