Monsieur le président,
En premier lieu, je souhaite vous remercier pour l’organisation de ce conseil qui se tient par visioconférence du fait de la période de confinement, merci également aux services de la Métropole qui se sont mobilisés pour rendre ce conseil possible.
Un conseil hors norme du fait de la pandémie covid-19 qui frappe notre pays comme la quasi-totalité de notre planète. Nous avons tous des proches, des amis, des collègues qui ont été durement touchés par ce virus qui à ce jour a fait plus 20 000 victimes sur le territoire national.
En introduction de mon intervention, je souhaite, comme mes collègues, rendre hommage à tous ceux qui depuis des semaines et des mois se battent contre cette épidémie et permettent à la vie de continuer. Je pense bien évidemment en premier lieu au personnel soignant à l’hôpital ou en ville qui faut preuve d’un engagement et d’un dévouement exceptionnels pour soigner et sauver des vies. Merci à ces femmes et ces hommes qui travaillent d’arrache-pied, malgré les risques bien réels de se retrouver eux-mêmes infectés.
Au-delà des professionnels de santé, ce sont des centaines de milliers de salariés qui sont mobilisés au quotidien pour que la vie continue dans notre pays. Je pense notamment aux militaires, policiers, gendarmes et pompiers qui assurent au quotidien notre sécurité et qui ont joué aussi un grand rôle dans la lutte contre le covid-19. Merci également aux chauffeurs routiers, aux caissiers et caissières, aux salariés des commerces de première nécessité, aux enseignants, aux informaticiens, ainsi qu’aux personnels de nettoyage sans eux rien n’aurait été possible. Je terminerai par les agents de la Métropole de Lyon, les éboueurs, les travailleurs sociaux, les administratifs, mais aussi la direction générale qui se sont engagés avec détermination dans ce combat et qui ont incarné le service public au service de tous. Il conviendra que la Métropole valorise au niveau salarial cet engagement remarquable.
Cette crise sanitaire a été aussi, et c’est un point positif que je souhaite souligner, l’occasion de très nombreuses actions de solidarité, de beaucoup de bénévolat notamment pour rompre l’isolement des plus fragiles, distribuer l’aide alimentaire, aider à fabriquer des masques, des surblouses ou autres équipements de protection… Cette crise a sublimé notre individualisme en une mobilisation collective au service de tous.
L’épidémie du Coronavirus et surtout le confinement qu’elle impose auront des conséquences graves sur l’ensemble des économies de la planète. Leurs effets seront bien plus rapides, profonds et durables que ceux de la crise financière de 2008. Le confinement touche aux fondements de l’économie, c’est-à-dire les échanges commerciaux. Le confinement met à l’arrêt la production industrielle, le négoce, les transports et in fine, la consommation. L’impact sur les trésoreries des entreprises est immédiat, qu’elles soient petites ou importantes, locales ou internationales.
Hier (mercredi 22 avril) la Ministre du Travail annonçait que plus de 10 millions de salariés étaient au chômage partiel. Quant au ministère de l’Économie il prévoit que le déficit de la sécurité sociale devrait plonger à 41 Mds € et le recul du PIB devrait être de l’ordre de 8% en 2020 ! Ces chiffres donnent le tournis et ne sont à ce stade qu’une estimation.
Plus que jamais nous avons besoin de la solidarité nationale et européenne. Plus que jamais nous avons besoin que l’ensemble des acteurs publics travaillent en synergie. Et c’est le cas sur notre territoire ou État, Région, Métropole et Communes avancent ensemble pour coordonner leurs actions et additionner leur force.
Cette synergie trouve son expression dans la délibération qui nous est soumise. Le groupe UDI et apparentés approuve l’ensemble de ces premières mesures qui représentent à ce jour un budget global pour notre collectivité de 100 M€. Ces mesures sont des mesures d’urgence, en aucun cas elles ne constituent des solutions d’évitement ou de sortie de la crise économique et sociale à venir.
Je souhaite évoquer plusieurs axes de travail :
- Le 1er concerne l’éducation et particulièrement les collèges, dont la Métropole à la responsabilité. L’éducation est mère de toutes les politiques. Elle doit être notre priorité. L’Éducation nationale estime qu’entre 5 % et 8 % des élèves “ont été perdus” par les enseignants durant cette période de confinement. C’est malheureusement une estimation optimiste, qui ne prend pas en compte la grande disparité selon les établissements. Lors de la conférence des présidents, suite à mon interrogation, vous nous avez informé la distribution de tablettes numériques et de connexion hotspot wifi en association avec Emmaüs Connect pour pallier à la fracture numérique. Au lendemain du déconfinement nous devrons aller plus loin et proposer un accompagnement scolaire personnalisé pour raccrocher l’ensemble des collégiens.
- La réouverture des commerces dès le 11 mai est importante pour ces entreprises indépendantes, elle l’est aussi pour notre ville et nos concitoyens. À Lyon, les commerces ont déjà été lourdement affectés par 16 mois consécutifs de grèves et de manifestations parfois violentes, c’est particulièrement le cas des commerces de la Presqu’île, mais aussi de ceux de la Guillotière. Avec leur fermeture sanitaire imposée, beaucoup sont aujourd’hui fragilisés à l’extrême. Certains risquent même de disparaître. Nous souhaitons que la Métropole, en partenariat avec les communes, puisse accompagner financièrement ou matériellement avant le déconfinement ces commerces. Ils doivent en effet installer et acquérir dès maintenant : vitres de protection en Plexiglas, visières de protection, masques chirurgicaux et gel hydroalcoolique. Pour ce qui concerne plus spécifiquement la restauration, qui rouvrira plus tard, il pourrait être pertinent d’agrandir les terrasses non pas pour augmenter la capacité, mais pour permettre une distanciation sociale efficace.
- Un autre point concerne les investissements publics. En effet, du fait de l’incertitude qui pèse sur la date finale des élections municipales et métropolitaines, avec un possible report en octobre 2020 ou mars 2021 nous risquons d’avoir au final 6 à 18 mois sans lancement de nouveaux investissements par nos collectivités. Dans la situation actuelle ceci n’est pas supportable, car l’activité économique de 2021/2022 particulièrement dans le BTP, la construction y compris de logement sociaux dépende des décisions que nous devons prendre aujourd’hui.
Nous souhaitons que très rapidement un programme d’investissements puisse être étudié puis adopté avec un double critère de choix :
- Retenir les investissements publics qui auront le plus grand effet levier sur l’emploi avec un effet d’entraînement d’investissements privés.
- Ces investissements doivent être réalisés avec une ambition environnementale forte, l’objectif de notre territoire doit être la neutralité carbone à horizon 2050.
En parallèle, dans les semaines et les mois à venir des plans de relance nationaux et européens vont être adoptés, il est indispensable que nous travaillons dès maintenant à l’élaboration de projets ambitieux pouvant bénéficier de ces financements.
- Dernier point l’ensemble de ces mesures nécessaires vont mobiliser un budget important pour la Métropole de Lyon, mais dans un contexte économique très difficile pour chacun, pour chaque entreprise, la pression fiscale ne doit pas être augmentée.
À terme cette pandémie va bouleverser notre façon de vivre, de travailler et de consommer. Il y aura clairement un avant et un après covid-19. Je ne citerai qu’un exemple : notre indépendance alimentaire ou industrielle. Il n’est pas acceptable que les principes actifs de nos médicaments, que nos masques, nos respirateurs, nos ordinateurs… soient majoritairement produits en Chine ou en Inde. Où est l’indépendance nationale ? Il est urgent d’avoir à nouveau une politique industrielle européenne et nationale, nous devons accompagner la relocalisation de notre savoir-faire ! Il y a, me semble-t-il, des opportunités pour la Métropole de Lyon. Nous sommes une capitale des sciences de la vie. Sachons en tirer parti !
Localement changeons nos exigences en matière de commandes publiques, mettons en place une économie circulaire et locale afin de valoriser nos producteurs, nos industriels et nos artisans locaux, augmentons considérable le pourcentage de produits locaux dans nos cantines scolaires et professionnelles.
Cette crise doit nous permettre de réinventer notre société avec plus d’audace, de solidarité et d’agilité !
Je vous remercie
Conseil extraordinaire de la Métropole du 23 mai 2020
Dossier 2020-4246 : Mesures d’urgence à caractère économique de la Métropole de Lyon en réponse à la crise sanitaire liée au Covid-19