Seul le prononcé fait foi.
Monsieur le Président,
En mars dernier, nous avions fait part de nos réserves sur la relocalisation provisoire de la gare routière à Gerland.
A l’époque vous nous aviez répondu, pas de soucis on gère. L’accessibilité sera bonne, la coactivité avec le rugby, le basket et les spectacles est également gérée, notre dispositif assurera sécurité et fluidité !
Force est de constater que ces garanties n’ont jamais vu le jour. Et pourtant, le déménagement est prévu dans trois semaines à peine.
Gerland est aujourd’hui un quartier sous tension permanente : travaux du T10 qui bouleversent la circulation, axes saturés aux heures de pointe, vie sportive et culturelle exceptionnellement dense avec des événements quasiment chaque semaine. Un quartier qui vit, qui bouge, qui accueille, mais qui respire déjà difficilement.
Depuis des mois, nous vous alertons sur cette réalité du quartier que vous semblez ignorer ou minimiser.
Un soir de match du LOU ou de l’ASVEL Féminin ? Des flux massifs de supporters. Un événement à la Halle Tony Garnier ? Des milliers de spectateurs qui convergent vers le quartier. À chaque fois, ce sont des besoins considérables en stationnement, en régulation du trafic, en présence policière, en coordination entre les différents acteurs.
Et c’est dans ce contexte déjà dense que vous avez décidé d’implanter, même provisoirement, la deuxième gare routière de France.
150 à 250 cars par jour. Plus de 2,5 millions de voyageurs par an. Un flux voyageur vertigineux. Un choix dont les conséquences concrètes semblent avoir été, pour le moins, largement sous-estimées.
Aujourd’hui, à trois semaines de l’ouverture, nous nageons toujours en pleine incertitude. Une incertitude qui n’est pas acceptable pour un équipement de cette envergure.
Aucune certitude sur la gestion des flux les soirs d’événements, quand plusieurs milliers de personnes afflueront simultanément dans le quartier.
Aucune certitude sur les responsabilités en matière d’accessibilité et de sécurité.
Le LOU, je parle au conditionnel, serait chargé d’une partie du dispositif pour gérer les flux de cars les jours de match. Cette externalisation d’une mission de service public interroge fortement sur la cohérence globale du projet et sur la clarté des chaînes de responsabilité.
Aucune certitude sur le stationnement : les 250 places prévues pour la dépose des voyageurs seraient rétrocédées au LOU les jours de match, amputant d’autant la capacité d’accueil du site et reportant mécaniquement les déposes minutes sous forme de stationnement sauvage sur les rues adjacentes déjà congestionnées. Là encore, quid de la coordination réelle entre les acteurs, quid de la sécurité ?
Et aujourd’hui, vous nous demandez de voter une rallonge budgétaire de 250 000 euros, soit plus de 6 % supplémentaires sur les quatre millions déjà engagés, pour un projet provisoire, 6% d’augmentation en 6 mois !
Tout cela sans visibilité complète, sans plan opérationnel détaillé et communiqué, sans garanties fermes sur la sécurité et la circulation, sans simulation des scénarios critiques.
Imaginez, et chacun ici en voit parfaitement le risque, le jour où un match du LOU à fort enjeu, un grand événement à la Halle Tony Garnier et une rencontre de l’ASVEL Féminin se tiendront simultanément, pendant que la gare routière tournera à plein régime avec ses 250 cars.
Ce scénario maximaliste n’a rien d’improbable, c’est même une quasi-certitude. Alors autant ne pas foncer les yeux fermés en espérant que tout se passera bien.
Monsieur le Président, lancer une gare routière de cette envergure, ce n’est pas lancer un simple chantier de peinture. Il faut anticiper tous les scénarios, organiser les flux avec rigueur, sécuriser les accès et les déplacements, coordonner l’ensemble des acteurs.
Monsieur le Président, gouverner c’est anticiper !
Aujourd’hui, rien n’est clair. Rien n’est vraiment expliqué. Rien n’est solidement assuré.
Et ce flou, cette improvisation, ce sont les voyageurs, les habitants, les supporters et les salariés travaillant à Gerland qui vont en pâtir dès les premières semaines.
Aussi, étant donné que le projet de délibération prévoit à la fois l’engagement des travaux de changement des appuis glissants du centre d’échanges Lyon-Perrache, auxquels nous ne sommes pas opposés, et les travaux complémentaires de la gare routière internationale à Gerland, nous vous demandons de procéder à deux votes distincts.
Dans ce cas-là, nous voterons favorablement sur les travaux du CELP. En revanche, nous voterons contre la partie de la délibération qui concerne le déplacement de la gare routière, aux vus de insuffisances du dossier.
Je vous remercie