Conseil municipal du 16 novembre 2015 – Intervention de Christophe Geourjon au nom des élus UDI
Monsieur le Maire,
« Le décrochage scolaire précoce doit être la priorité des priorités. Moins de « Coup de pouce clef » c’est faire des économies sur le dos des enfants en difficulté »
Avec cette délibération, vous proposez de généraliser « les ambassadeurs du livre » à toutes les écoles publiques lyonnaises. Le but étant notamment de favoriser la réussite scolaire à travers les pratiques de lecture et de documentation, et de prévenir l’illettrisme.
À Lyon, dans les écoles publiques, les clubs Coupe de Pouce Clefs avaient justement vocation à lutter contre l’illettrisme et à prévenir l’échec scolaire. La Ville de Lyon, entre 2005 et 2013, a participé, en partenariat avec le Rotary, à la création de 14 clubs Coup de Pouce Clef. Notre regretté collègue Jean Benzoni c’était fortement impliqué dans cette initiative sur le 9ème arrondissement.
Depuis 2014, vous avez changez de stratégie en réduisant drastiquement le nombre de clubs soutenus : 5 en 2014 et seulement 2 pour 2015. En clair vous avez décidé de fermer !
On le devine bien votre décision est guidée par des considérations budgétaires, je dirai même financières. Nous avons ici une illustration de ce que nous disons depuis des mois. Vous mettez en place jour après jour des coups de rabot, des coupes budgétaires sans avoir une vision globale des économies de fonctionnement à réaliser. Une nouvelle fois je vous demande Monsieur le Maire un débat, et un vote sur un Plan Pluriannuel d’Economie car comme les investissements ou le budget, faire des économies est aussi un choix politique !
A la place de cette vision à moyen terme vous fermez les clubs Coupe de pouce. Mais, est-ce là une saine politique de l’éducation? Est-ce là une gestion tournée vers l’avenir ? Non ! Non car l’économie financière que vous faites aujourd’hui aura demain un cout beaucoup plus important aussi bien collectivement qu’individuellement pour les enfants qui risquent le décrochage scolaire synonyme d’échec scolaire et par la suite de difficultés supplémentaires d’insertion professionnelle.
Pourtant nous disposons d’évaluations incontestables (Dominique Glasman, sociologue de l’éducation) de l’efficacité du dispositif Coup de pouce, des élèves de CP fragiles ont retrouvé, grâce à Coup de Pouce, une évolution comparable à celui des autres élèves. D’ailleurs, 250 villes en France ont fait appel à « Coup de pouce » qui accompagne chaque année 10 000 élèves.
Monsieur le Maire, l’échec scolaire n’est pas une fatalité. Les associations savent depuis longtemps que l’échec de beaucoup d’élèves n’est pas le fait du hasard, et les enseignants savent prédire les plus graves difficultés futures dès la maternelle.
Nous savons que l’accompagnement personnalisé des élèves considérés par leurs instituteurs comme fragiles en lecture est une solution efficace, sur-mesure, pour lutter contre le décrochage scolaire précoce.
Il est donc particulièrement malheureux que malgré ce diagnostic – qui devrait appeler des solutions ciblées – de voir que vous préférez privilégier une logique égalitariste simpliste.
Une pensée qui inspire si fortement la gauche avec l’actuelle réforme du collège. Cette réforme du collège renforce le collège unique alors qu’il faudrait en finir avec lui. Le collège unique, c’est une erreur majeure. Les enseignants eux-mêmes le disent. Il suffit de les entendre. Or, cette réforme a été concoctée par des hauts-fonctionnaires au ministère de l’Education Nationale. Les enseignants n’ont pas été consultés, les parents non plus.
Le décrochage scolaire précoce doit être la priorité des priorités. À l’école comme au collège, l’enjeu est de tirer vers le haut le potentiel de chaque élève, de l’amener plus loin selon son rythme et ses capacités. Mais pour cela il faut un accompagnement personnalisé.
Accompagnement personnalisé que la Ville de Lyon aurait pu mettre en place lors de la réforme des rythmes scolaires. C’était un vrai choix politique, un choix pour l’avenir que de profiter de cette réforme pour mettre en place un accompagnement éducatif personnalisé. Mais à cette époque déjà, vous aviez arbitré en faveur d’une vision financière et non d’une vision qualitative et éducative, de la réforme des rythmes scolaires.
Je vous remercie.