Intervention de Christophe Geourjon, Conseil municipal de Lyon du 24 novembre 2014
Monsieur le Maire,
Dans son rapport de 2010, la Chambre Régionale des Comptes pointait l’existence de nombreuses régies municipales directes dans le domaine de la culture et le « problème de transparence ou d’information » que posait cette situation. Ce budget annexe de l’Orchestre National de Lyon (ONL) permet donc à la Ville de se mettre en conformité avec ces observations.
L’intérêt de ce budget annexe est notamment d’établir plus clairement coût et produit réel. Pour l’ONL, le budget de fonctionnement est de 11 M€, la ville verse une subvention de 9 M€.
Ce document budgétaire met ainsi en lumière l’effort financier de la ville pour les grands équipements culturels. Ce qui vaut pour l’ONL vaut aussi pour l’Opéra (17 M€ de budget de fonctionnement), les Musées (15 M€ pour l’ensemble des musées). Ces grands équipements sont donc à la charge exclusive des Lyonnais alors que leur rayonnement dépasse de très loin les limites de la commune.
Ils profitent en grande partie à un public non Lyonnais, en moyenne 60% des visiteurs sont des Grand Lyonnais. Les Lyonnais mettent ainsi à disposition, par les efforts budgétaires de la ville, une offre culturelle diversifiée et de qualité. Ce sont donc les contribuables qui supportent l’essentiel des charges de centralité liés à ces grands équipements.
La métropole doit enfin faire évoluer les choses.
Vous vous affichez actuellement comme grand réformateur territorial, or jusqu’à présent votre bilan en termes de mutualisation et de rationalisation est plutôt léger.
Sous vos 2 précédents mandats, vous n’avez pris aucune initiative forte pour transférer vers la communauté urbaine des équipements culturels mais aussi d’autres infrastructures comme les grands parcs (Parc de la Tête d’Or, parc de Gerland) dont le rayonnement dépasse très largement les limites de la ville de Lyon. Sous vos 2 derniers mandats, vous avez décidé de laisser peser ces charges sur les seuls contribuables lyonnais.
Une mutualisation avec un partage entre équipement d’intérêt communal (gymnase, lieux culturels de quartier,…) et équipement d’intérêt communautaire (piscines, grands équipements culturels, grands parcs) assurerait un meilleur partage du poids du fonctionnement et permettrait de limiter les hausses d’impôts au niveau de la ville. Cette mutualisation permettrait aussi simplement de réaliser les investissements nécessaires non réalisés. Par exemple au niveau du Parc de la Tête d’Or la porte des Enfants du Rhône n’est toujours pas remise en état.
Il est indispensable d’établir une plus juste compensation de ces charges au niveau intercommunal, et demain métropolitain, par un transfert de ces équipements.
Alors que ces dix dernières années on a assisté en France à la montée en puissance du niveau intercommunal dans le champ des politiques culturelles, rien n’a profondément changé à Lyon.
Certes, le Grand Lyon porte les Biennale de la Danse, le Festival Lumière et les Journées européennes du patrimoine. Mais le Grand Lyon n’a pas de politique culturelle contrairement à d’autres grandes agglomérations comme Montpellier, Rennes ou Lille.
Vous ne pouvez plus esquiver ces questions. Dans 37 jours la Métropole portera 2 musées : le musée Gallo-Romain et le musée des Confluences ainsi que le festival des nuits de Fourvière. Mme Myriam Picot est aujourd’hui Vice-présidente culture de la métropole. Allez-vous doublonner les effectifs avec ceux de la Ville ? Allez-vous recruter au niveau de la Métropole ? Où allez-vous mutualiser les services de la Ville de Lyon et de la Métropole ? Si oui dans quel sens ? Qui sera l’employeur ? Qui sera responsable de l’élaboration de la politique culturelle du territoire Lyonnais ? Je parle bien ici de territoire Lyonnais et non d’une structure administrative et politique de notre territoire.
La culture est transversale aux domaines de compétences de la métropole (développement économique, tourisme, action sociale…). À l’évidence, les grands équipements, outils privilégiés pour impulser une dynamique culturelle, doivent être de compétence métropolitaine. De même, pour les grands parcs, ce serait cohérent avec le tourisme et le développement durable qui sont déjà des compétences du Grand Lyon.
Cette nouvelle répartition des compétences et des charges permettrait à la ville de Lyon de pouvoir renforcer son soutien aux structures associatives et culturelles de proximité dans nos quartiers.