Rapport Transition et résilience 2024 sur la situation en matière de développement durable de la Métropole de Lyon.

Monsieur le Président,

Chaque année, j’accorde une attention toute particulière au rapport « Transition et Résilience », autrefois appelé « Rapport Développement Durable ». Ce document est toujours très instructif, car il offre une vision concrète et transversale des actions menées par la Métropole, non seulement en faveur de la transition écologique, mais aussi dans d’autres domaines étroitement liés.

Toutefois Monsieur le Président, je dois dire que l’édition 2024 me laisse une nouvelle fois un certain goût amer.

Car comment pouvons-nous évaluer les efforts entrepris depuis plusieurs années dans notre transition en l’absence d’indicateurs clés permettant une vision claire et transparente ?

Pourtant nous avons essayé de vous guider dans cette voie ! Par 3 fois nous vous avons proposé d’inclure de nouveaux paramètres, en particulier vis-à-vis des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui sont responsables du réchauffement climatique. En mars 2023, puis en juin 2023 et enfin en janvier 2025 nous avons déposé un vœu allant dans ce sens … à chaque fois vous avez refusé d’inscrire notre vœu à l’ordre du jour.

En parallèle, je ne cesse de marteler la nécessité d’inclure le coût carbone dans l’analyse des projets sous maîtrise d’ouvrage de la Métropole. L’estimation de ce coût carbone doit aussi être un critère d’attribution de nos appels d’offres au même titre que l’aspect financier. De même, nous devrions suivre au quotidien, et au minimum annuellement, l’évolution des émissions de GES dont la Métropole est responsable. Un bilan carbone global propre aux politiques de la collectivité Métropole (incluant les périmètres scope 1, 2 et 3) permettrait d’évaluer l’impact réel de vos actions face à la réduction nécessaire des émissions de CO2 et plus largement des gaz à effet de serre (GES).

L’urgence climatique impose que nous mobilisions dès maintenant tous les moyens, ressources et outils de suivi à notre disposition. Dans le cadre du PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial), nous avons fixé l’objectif de réduire de 43 % les émissions de GES d’ici 2026 par rapport à 2000, et de 55% d’ici 2030 afin de respecter l’objectif européen de neutralité carbone en 2050. Alors pourquoi ne disposons-nous pas d’un suivi annuel et actualisé de ces évolutions ? C’est pourtant là que réside l’enjeu.

Certes, nous avons pris acte que suite à nos demandes, vous avez enfin ajouté des indicateurs comme la part annuelle de commande publique intégrant une considération environnementale ou la consommation énergétique annuelle du patrimoine métropolitain. Mais le diable se cache dans les détails. Je ne prendrai que 3 exemples :

  • L’appel d’offre pour des « Travaux de gestion patrimoniale et d’extension du réseau métropolitain d’assainissement » d’un montant maximal de 69M€ sur 2 ans  le critère environnemental ne pèse que pour 15% dans l’attribution dont moins de 5% pour les émissions de GES des chantiers.
  • L’appel d’offre pour les travaux de génie civil du Tram T9, un projet à 290 M€, les critères environnementaux ne pèsent que pour 7% dans l’attribution du marché
  • Je terminerai par le meilleur … les consultations réalisées dans le cadre des travaux des Voies Lyonnaises, un projet à 300M€, pas de critères environnementaux et donc pas d’objectifs de maitrise des émissions de gaz à effet de serre !   

C’est tellement difficile a croire que je tiens à disposition de mes collègues élus et de la presse les copies des règlements de consultation.

Je me souviens de votre slogan de campagne il y a 5 ans : Ce mandat sera le dernier mandat pour le climat ! Réduire le réchauffement climatique impose de réduire très fortement nos émissions de CO2 dès maintenant. Je ne vois pas dans vos actes la mise en œuvre de cet engagement !

Étant de nature confiante et optimiste, je me refuse de croire que ce slogan n’était pour votre équipe et pour vous même qu’un argument électoraliste …

Il n’est pas possible prétendre détenir le monopole d’une certaine écologie si vous refusez de mobiliser les outils nécessaires à une évaluation annuelle, permettant d’ajuster chaque année les politiques et le budget métropolitain pour atteindre cet objectif !

Monsieur le Président, ce rapport nous permet aussi d’affirmer sans ambiguïté que dans bien des domaines, la situation est loin d’être aussi idyllique que vous pourriez le laisser entendre.

Prenons par exemple, votre politique visant à réduire les inégalités territoriales, notamment grâce au logement accessible et durable.

En 2024, le plan d’urgence a permis un certain rebond dans le financement des logements sociaux, atteignant 3353 unités. Espérons que cette dynamique puisse se renforcer dans les années à venir. Car rappelons-le, nous sortons d’une année 2023 catastrophique, avec seulement 1955 logements sociaux financés, du jamais vu. Il est indéniable que votre objectif de financer 5000 logements sociaux et abordables chaque année n’a jamais et ne sera surement jamais atteinte.

Ce retard accumulé commence à peser lourdement sur notre territoire, comme en témoigne l’indicateur du taux de pression de l’offre locative sociale : aujourd’hui, il y a 9,4 demandes pour une seule attribution, alors qu’il était de 7 demandes en 2019. Cette pression se traduit par un faible taux d’offre locative, avec, selon l’INSEE, à peine plus de 1100 logements pour 10 000 habitants en 2023.

Disons-le sans détour, la situation est critique. Contrairement à ce que votre majorité tente de faire croire, les causes de ce déséquilibre ne sont pas uniquement exogènes. Vos choix politiques en matière de logement, y ont largement contribués.

Le baromètre annuel de LocService est sans appel : la ville de Lyon est désormais en tête des villes où il est le plus difficiles pour se loger, avec un score de 12,97 en 2024. Et ce, sans même parler des prix d’accès au logement qui continuent de grimper.

Monsieur le Président, sans une politique de logement solidaire, cohérente et ambitieuse, il est vain d’espérer lutter efficacement contre les inégalités et la précarité. Le logement n’est pas un simple indicateur, c’est une matrice, une condition sine qua non pour bâtir une Métropole plus juste et plus prospère.

Cette précarité se ressent d’ailleurs sur d’autres volets. Concernant la pauvreté et les inégalités sous toutes leurs formes, l’ensemble des voyants vire au rouge !

  • L’indice GINI, qui mesure les inégalités de revenus, atteint 0,362, contre une moyenne nationale de 0,290.
  • Le taux de pauvreté s’élève à 16,9 %, soit 2 points de plus que la moyenne nationale.
  • Plus préoccupant encore, près d’un quart des jeunes (23,6 %) sont en situation de précarité sur le territoire métropolitain.

Vous ne pouvez ignorer ces chiffres. Ils sont le miroir d’une réalité sociale qui s’aggrave sous votre mandat. La fragilisation des populations les plus vulnérables (jeunes, aînés, classes populaires et moyennes) est une bombe humaine à retardement.

Monsieur le Président, poser des objectifs ambitieux est certes une bonne chose, mais encore faut-il être en mesure de les atteindre. La situation sociale et environnementale actuelle appelle à une prise de conscience et surtout à des actions concrètes, loin des discours et des effets d’annonces.

Je vous remercie.

Restons en contact !

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