Intervention de Christophe Geourjon, au nom des élus « UDI et apparentés »
Monsieur le Président, Chers collègues,
Les élus du groupe « UDI et apparentés » voteront ce rapport dont l’objectif est la modernisation indispensable et urgente de la branche de Lozanne du Tram-train de l’ouest lyonnais. Ce projet inclut le doublement de la voie, les études pour 2 haltes supplémentaires à Limonest et à Dardilly ainsi que des travaux urgents pour la régénération de la section Tassin-Lozanne.
Le tram-train de l’ouest lyonnais a été ouvert en 2012 et a mobilisé un investissement important des collectivités locales (300M€ au total). Ce réseau bénéficie d’une ponctualité remarquable (99% ; soit le meilleur taux de tout le réseau TER auvergne-rhône-alpes), le matériel roulant est récent et offre une qualité de transport important – notamment l’installation de la climatisation -, de même l’ensemble des gares a été rénové avec la possibilité d’avoir l’information voyageur en temps réel. Malgré cela la fréquentation, bien qu’en hausse, est relativement modeste de l’ordre de 10 000 passagers par jour.
Pourquoi des résultats aussi modestes alors que les temps de transport sont très performants ? Par exemple, il faut 18 minutes pour relier Charbonnière à Bellecour via un changement à Gorge de loup.
En l’état actuel, la Métropole de Lyon voit 2 réseaux cohabiter sur son territoire, celui des TER sous l’autorité de la région Auvergne-Rhône-Alpes et celui des TCL sous l’autorité du SYTRAL. Il n’y a pas de synergie, mais plutôt une concurrence confère le projet de métro E !
Quelques illustrations :
- Le PDU écrit et adopté par le SYTRAL évoque que très timidement les TER et en aucun cas il n’évoque de développer une offre coordonnée et hiérarchisée.
- Certaines gares sont mal, voir même pas desservies par les TCL. Un exemple concret, à Ecully l’arrêt TCL est à 300 mètres de la gare, à Francheville l’arrêt du C19 est à presque à 400m de la gare !
En parallèle, certains Maires, ont fait le choix de mettre en zone bleue les parkings devant les gares.
Dans ces conditions on peut effectivement comprendre que la fréquentation ne soit pas à la hauteur de la qualité de l’offre ferroviaire.
Pour les élus « UDI et apparentés » ne pas développer de synergie entre ces 2 réseaux et ne pas les coordonner est une aberration. En effet, pour le Grand Lyonnais qui a un besoin de déplacements, la question est “Comment aller le plus rapidement possible, au moindre coût et avec la plus faible empreinte écologique d’un point A à un point B”. Savoir si le moyen de transport utilisé est personnel, privé, public, de compétence région Auvergne-Rhône-Alpes ou Métropole n’est pas sa priorité et n’a pas beaucoup d’intérêt.
Ainsi, le tram-train de l’ouest lyonnais devrait être la colonne vertébrale des mobilités à l’ouest de notre agglomération. Pour cela, les outils TCL devraient proposer l’offre TER, les dessertes TCL devraient desservir les 35 gares avec des horaires coordonnés sur ceux des TER. Cette vision hiérarchisée et intégrée des mobilités est pour nous le 1er pas vers la mise en œuvre d’un RER sur le territoire métropolitain.
Un RER avec des liaisons transversales Est-Ouest, Nord-Sud sans rupture de charge en gares de Part-Dieu ou Perrache offrirait des temps de parcours très compétitifs. Le territoire métropolitain a la chance de compter 35 gares, ce réseau RER couvrirait donc l’ensemble de la Métropole et améliorerait concrètement les déplacements du quotidien pour l’ensemble des Grand Lyonnais.
Un tel réseau RER existe dans la plupart des grandes villes européennes. Je pense en particulier à Munich, mais aussi Genève qui finalise la mise en œuvre du projet Léman Express qui devrait être opérationnel fin 2019, projet dans lequel la région Auvergne-Rhône-Alpes investit fortement pour la partie Française des lignes.
Une convergence tarifaire entre TCL et TER, serait la 1ère étape de la mise en place d’un tel RER, que les élus « UDI et apparentés », appelle Réseau Express Métropolitain ou REM. Nous souhaitons que l’abonnement TCL donne également accès aux TER sur le territoire de la métropole. Ceci existe déjà à Lille, à Strasbourg, à Marseille … et plus proche de nous c’est aussi le cas à Grenoble. Quand le SYTRAL franchira-t-il le pas ?
Dans un deuxième temps, le développement du REM nécessitera des investissements en terme d’infrastructures, de signalisation et même de renforcement de l’alimentation électrique de certaines portions du réseau. À moyen terme, il doit ainsi être possible de mettre en place des liaisons est-ouest, mais aussi nord-sud.
Enfin, comme évoqué dans le rapport précédent la mise en œuvre du REM sur l’ensemble du territoire métropolitain est conditionnée par la désaturation du nœud ferroviaire lyonnais.
Pour pouvoir tirer pleinement partie d’un REM ou RER il convient que le cadencement soit relativement élevé. Dans ces conditions, réduire le coût d’exploitation est une nécessité impérieuse. La convention qui lie la région Auvergne-Rhône-Alpes à la SNCF se termine le 31 décembre 2022. Ouvrir à la concurrence ce futur REM est une nécessité, aussi devons-nous demander à la région d’initier dès maintenant cette démarche.
À titre de comparaison, l’état vient d’initier cette même démarche sur 2 lignes intercités Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon. Guillaume Pepy indiquait dans un article en date du 11 janvier dans Le Monde que suite à la réforme de la SNCF votée en 2018 la différence de coût avec des concurrents privés pourrait être réduite des 2/3… encore faut-il que la concurrence soit mise en œuvre !
Les élus “UDI et apparentés” estiment que les besoins croissants de mobilité des habitants et salariés de l’aire métropolitaine lyonnaise, l’urgence climatique et de la qualité de l’air, le futur déclassement de l’axe A6/A7 entre Limonest/Ecully et Pierre-Bénite imposent d’innover dans les approches et de ne pas se contenter de faire un peu mieux qu’avant ; Il faut faire différemment ! Il faut changer de paradigme et repenser l’architecture de notre réseau. Passer d’une juxtaposition de réseaux à une vision intégrée de la mobilité tous modes et tous réseaux confondus.
Je crains, Monsieur le Président, que sans impulsion politique de votre part, le SYTRAL reste ancré dans l’ancien monde et que l’intégration de l’offre TER/TCL, l’intégration tarifaire et l’objectif de réaliser à terme un RER resteraient alors des vœux pieux.
Les Grand Lyonnais comptent sur vous !
Nous vous remercions.