Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus
Les présentations budgétaires et les discussions qui en découlent sont des moments de démocratie éminemment précieux. Le compte financier unique, fusion du compte administratif et du compte de gestion, est un outil complet et pertinent amené à être pérennisé, d’une utilité certaine pour évaluer la bonne gestion des deniers publics. Au-delà de la bonne santé financière des comptes de notre collectivité et d’une simple addition de chiffre, le compte financier unique nous permet d’évaluer l’action globale de notre Métropole, et donc la votre, sur l’année précédente.
Pour ce qui concerne les recettes des DMTO elles représentent 20% des dépenses fiscales, je devrai dire seulement 20% de nos recettes fiscales. Vous le savez je suis un défenseur de la création de la Métropole de Lyon. Un des atouts de la Métropole est une moindre sensibilité structurelle que les départements aux variations de la DMTO. En effet pour les départements les recettes DMTO sont centrales, en 2023 ces recettes risques de baisser mais nous seront moins impactés du fait de la création de la Métropole de Lyon.
Si les chiffres bruts et généraux sont à l’équilibre et amorcent une présentation en apparence plutôt flatteuse , je me consacrerai principalement ici à la section investissement.
Si le bilan comptable des dépenses d’investissements menées en 2022 est à l’équilibre, et même excédentaire (29 M €) les moyens mis en place apparaissent peu ambitieux. En faisant un rapide bond dans le passé nous arrivons à cette constatation : en 2022 la Métropole investie 226 millions d’euros de moins qu’en 2018, année référence hors covid. Ce chiffre, éloquent, nous alerte sur le sens donné à votre action publique depuis 3 ans. Nous avons souvent pointé du doigt votre frilosité en termes d’innovation, votre manque d’investissement sur le terrain, l’absence de projets concrets servant les intérêts des Grands Lyonnais dans leur quotidien. Ces alertes trouvent désormais un écho certain dans ce compte financier unique.
Le budget primitif pour cette même année 2022 prévoyait 963 millions d’euros de dépenses d’investissement inscrites au budget, avec seulement 747 millions de dépensés le taux de réalisation est de 77%, une valeur qui tranche avec les exercices des mandats précédents, notamment cette année 2018 évoquée succinctement.
Ce constat tranche surtout avec vos prétentions indéniablement ambitieuses, mais probablement irréalistes. Vous vous targuez régulièrement d’adopter des budgets records, êtes adeptes des grands mouvements de communication, pourtant vous peinez à maintenir des investissements viables dont sont pourtant demandeurs les Grands lyonnais. Vous comprenez dès-lors que nous avons des doutes lorsque vous évoquiez en début d’année lors du vote du budget primitif des dépenses d’investissements records dépassant le milliard d’euros en 2023. En l’état nous craignons que ces projections subissent un sort identique et que vous soyez contraints de revoir votre copie à la baisse, une fois de plus.
De ces considérations émane une question sincère: avec les budgets conséquents votés, pourquoi avez-vous tant de difficultés à mettre en place une réelle démarche d’investissement au service de l’innovation et de l’action sur notre territoire ? Quand les Grands lyonnais vont-ils enfin pouvoir percevoir les bénéfices de vos actions ? Cette interrogation est confortée avec le niveau d’endettement en baisse qui illustre votre difficulté à investir.
En matière financière plus qu’ailleurs la prudence et la raison sont des vertus essentielles. Néanmoins, au vu du budget conséquent de la Métropole que vous portez il y a en la matière mieux à faire. Surement une meilleure répartition entre les différentes sections budgétaires serait préférable pour que les budgets votés agissent réellement pour servir nos administrés et qu’ils puissent enfin percevoir après trois années les bénéfices de votre élection.
Pour votre majorité les ambitions en termes d’investissement comme ailleurs sont toujours fortes en début d’année quand il s’agit de communiquer avant que la réalité ne vous rattrape. Toutes les projections ne peuvent être réalisées (et réalistes) .
Monsieur le Président, les chiffres ne mentent pas et ne peuvent cacher la réalité qui est celle de votre gouvernance. Nous vous prions d’enfin vous corréler à la PPI et au budget primitif qui ne doit pas demeurer une fois de plus une déclaration de bonnes intentions. En somme nous vous proposons ici d’appliquer vos propres promesses.
Je vous remercie.