Cité de la gastronomie de Lyon : Accessibilité et culture, deux conditions pour garder la vocation originelle de l’Hôtel Dieu

La future Cité internationale de la gastronomie de Lyon a été définit par le conseil de la Métropole de Lyon comme étant la fois un équipement culturel, scientifique, pédagogique et touristique.

Lors du conseil du 9 juillet, la Société espagnole Magma Cultura France est désigné pour l’exploitation de la Cité internationale de la gastronomie de Lyon d’une durée de 8 ans à compter de la date d’ouverture au public,
Intervention de Denis Broliquier

Monsieur le Président, chers collègues,

Cette délibération augure d’une bonne nouvelle, l’ouverture, dans un an maintenant, de la Cité Internationale de la Gastronomie. Nous ne cachons pas notre joie d’accueillir cet équipement majeur pour notre agglomération que nous soutenons, nous, depuis le début. Il est heureusement très loin le temps où nous devions pousser Gérard Collomb à porter une candidature sérieuse pour répondre à l’appel à projet lancé par l’Etat pour devenir LA Cité de la gastronomie française ! Au final, Paris-Rungis, Tours, Dijon et bien sûr Lyon, tout le monde a gagné. Mais reconnaissez aujourd’hui que nous avons eu raison d’insister !

Car nous le disons bien volontiers, l’intention du projet est belle ! Et au combien d’actualité ! Faire de l’alimentation une grille de lecture du monde et du bien-être répond à la double nécessité d’ouverture culturelle et de santé publique. De toute la restauration du Grand Hôtel Dieu, la Cité Internationale de la Gastronomie devrait donc être l’élément le plus fidèle à la vocation originelle de l’Hôtel-Dieu. Mais à deux conditions :

D’abord qu’elle reste accessible au plus grand nombre tant pour les entrées que pour les prestations. Or, si les tarifs figurent dans la convention, les prestations elles seront à la discrétion du délégataire. Il convient donc d’être attentif à la diversité de l’offre.

L’autre condition réside dans la qualité culturelle des expositions. Si les 1 300 m2 d’exposition permanente seront confiés pour leur conception à l’équipe du Musée des Confluences pour 1,8 M€, le délégataire aura lui la charge de l’aménagement de l’ensemble des 2630 m2 restant pour un montant annoncé de 2 à 2,5 M€. Les surfaces doubles mais pas les budgets ! Il faudra donc être très attentif à la qualité des prestations culturelles et pédagogiques proposées notamment aux scolaires, particulièrement dans les espaces dédiés à l’Atlas mondial de la gastronomie, à la muséographie interactive et à la gastroludothèque. On ne comprendrait pas qu’il n’y ait pas la même qualité et la même exigence scientifique et pédagogique sur l’ensemble des prestations offertes sur ce site.

Concernant l’aspect financier, c’est assurément une belle réussite d’avoir su convaincre 10 de nos grandes entreprises lyonnaises de s’associer à ce projet et nous remercions ces chefs d’entreprises qui se sont engagés. Mais quelles seront leur compensation ? Sous quelle forme va se matérialiser leur retour sur investissement ?

Quant au montage financier entre le délégataire et la Métropole, il acte que cette dernière ne percevra en fait que les 0,5% du Chiffre d’Affaire qu’en cas de bénéfice. Est-ce à dire que ce sera une opération quasi blanche ou avez-vous estimé des recettes potentielles pour la Métropole ?

Ceci étant, notre principal point d’interrogation concerne l’équilibre économique du secteur de la restauration sur le site du Grand Hôtel-Dieu et plus largement du secteur de la presqu’île. On entend parler, à terme, de plus de 600 couverts à raison de minimum 2 services par jour à l’Hôtel-Dieu, sans compter l’activité traiteur. Est-ce la réalité ? Notre cœur d’agglomération a-t-il réellement capacité à absorber la création de tant de couverts supplémentaires sur un périmètre aussi restreint ? Avec sa compétence de restauration-traiteur inscrite dans la convention, la Cité Internationale de la Gastronomie contribuera à cette hausse massive avec l’ouverture d’un café et d’un restaurant comme indiqué sur les plans. Des études ont-elles été menées pour évaluer, à terme, le nombre de couverts créés et la situation concurrentielle ainsi générée dans l’enceinte du Grand Hôtel Dieu et à proximité ? Il nous parait important de considérer ce point avec la plus grande attention pour ne pas fragiliser les équilibres économiques.

Comme je le disais en introduction, notre Cité Internationale de la Gastronomie va s’inscrire dans un circuit national qui va, si j’ose dire, nourrir notre repas gastronomique à la française classé au Patrimoine de l’UNESCO en 2010. Il est important de resituer notre cité dans ce contexte pour mesurer la portée et le rayonnement qu’elle peut avoir pour notre Métropole. A ce sujet, il n’est nulle part fait mention d’une synergie entre ces villes. Les Cités de Tours et Dijon devraient aussi voir le jour en 2019 et Paris-Rungis en 2024. Il serait légitime que ce réseau se constitue pour créer une offre comme notamment à l’international. Lyon semble avoir une petite longueur d’avance. Elle devrait se positionner en leader en la matière.

Vous l’aurez compris, c’est avec beaucoup de gourmandise que nous attendons ce nouvel équipement pour notre Métropole. Maintenant que vous nous avez mis l’eau à la bouche avec un menu alléchant, sous réserver d’y intégrer les ingrédients cités ci-dessus, nous espérons que la dégustation sera à la hauteur de la carte !

Je vous remercie,

Intervention de Denis Broliquier au nom des élus du groupe « UDI et apprentés »

Restons en contact !

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